Ukraine : le président du CICR alarmé par la dégradation du sort des civils sur la ligne de front

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, vient d'achever une visite de cinq jours en Ukraine, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des villes et des villages proches de la ligne de front. Il s'est dit alarmé par les conditions de vie de cette population, exposée à une intensification dramatique des combats dans l'est de l'Ukraine depuis le début de l'année.

« Des centaines de milliers de personnes vivent sous la menace constante des bombardements, des tirs et des mines. Leur accès à des biens et services essentiels tels que nourriture, eau et électricité a été considérablement diminué, a précisé M. Maurer. Le fonctionnement de la station de filtrage de l'eau de Donetsk, dont dépendent des dizaines de milliers d'habitants, est souvent interrompu par les combats. La semaine dernière encore, la station a cessé de fonctionner pendant plusieurs jours et nos équipes ont commencé à livrer de l'eau par camions ; elles en ont fourni ainsi près de 150 000 litres en moins d'une semaine. » M. Maurer a réitéré l'appel du CICR à l'établissement d'une série de « zones de sécurité » qui permettraient de mieux protéger des infrastructures essentielles d'approvisionnement en eau, en gaz et en électricité situées sur la ligne de front.

Outre le danger que représentent pour les civils l'intensification des hostilités et des conditions de vie souvent déplorables, le CICR est préoccupé par les restrictions de déplacement que leur impose une situation difficile aux points de passage. M. Maurer a demandé que des « mesures concertées » soient prises afin d'améliorer la situation des civils qui essaient de traverser la ligne de contact. Ceux-ci, en effet, doivent souvent attendre pendant des heures en pleine chaleur ou en plein froid et exposés au danger des tirs d'artillerie et des mines.

Le président du CICR a rencontré au cours de sa visite le président de l'Ukraine, Petro Porochenko, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement ukrainien. Il s'est aussi entretenu avec des représentants locaux d'autres districts des régions de Donetsk et Lugansk.

Après ses réunions de Kiev, Donetsk et Lugansk, M. Maurer a réitéré sa demande que les délégués du CICR se voient accorder un accès « systématique et sans entraves » à toutes les personnes détenues en relation avec le conflit ukrainien, de quelque bord qu'elles soient.

Le président du CICR a en outre parlé du problème des disparitions dues au conflit. « Un grand nombre de personnes – on ne sait pas exactement combien, peut-être entre 1 000 et 2 000 – ont disparu dans le cadre du conflit de l'est de l'Ukraine. Une de nos priorités est d'élucider leur sort et d'aider leurs familles », a-t-il déclaré.

« Notre dialogue avec les autorités sur cette question a été très constructif jusqu'à présent, mais il faut que cette dynamique se maintienne, a ajouté M. Maurer. Si l'on veut que les cas soient résolus, il est indispensable d'arriver à ce que les deux côtés échangent les informations relatives aux personnes
disparues. »

Le CICR est prêt à servir d'intermédiaire neutre entre les parties pour des problèmes humanitaires spécifiques – un rôle qu'il assume afin d'aider à résoudre un certain nombre de questions relatives à l'approvisionnement en eau, à la détention et à d'autres préoccupations humanitaires majeures depuis le début du conflit ukrainien.

Informations complémentaires :
Sanela Bajrambašić, CICR Kiev, tél. : +380 67 509 42 06
Jennifer Tobias, CICR Genève, tél. : +41 79 536 92 48, jtobias@icrc.org

Voir aussi :
Actualité en Ukraine
Le conflit en Ukraine