Les mines antipersonnel

30 mai 2018

Les guerres devraient prendre fin quand cessent les combats. Pourtant, les mines antipersonnel continuent de tuer et de mutiler bien après la fin des hostilités, et ce sont principalement les civils qui en subissent les terribles conséquences.

Morts, blessures et souffrances, tel est le triste héritage que les mines antipersonnel laissent derrière elles. En général, l'explosion d'une mine tue ou blesse une ou plusieurs personnes – souvent des enfants – et entraîne des séquelles à vie pour les survivants et leurs familles.

La contamination par les mines rend par ailleurs de vastes étendues de terres fertiles inutilisables, ce qui compromet la production alimentaire et entraîne la disparition des moyens de subsistance. Aussi n'est-il pas rare que les communautés et les pays en subissent les conséquences des dizaines d'années encore après la fin d'un conflit armé.

C'est la raison pour laquelle la communauté internationale a adopté en 1997 la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel qui bannit l'emploi, la production, le stockage et le transfert de ces armes, et requiert que des dispositions spécifiques soient prises afin de prévenir et traiter leurs effets à long terme.

La campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel figure parmi les principales initiatives humanitaires de ces 30 dernières années. Le CICR, avec le concours de gouvernements, de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel et de l'Organisation des Nations Unies, a plaidé en faveur de l'interdiction totale de leur emploi, de leur stockage, de leur fabrication et de leur transfert. Les États ont réagi en adoptant la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel - mais ce n'était qu'un début. La Convention devait encore être mise en œuvre.

Plus de 20 ans se sont écoulés depuis l'adoption de la Convention. Or, bien que d'importants progrès aient été accomplis, de grands défis sont toujours à relever, en particulier en matière d'élimination des mines restantes et d'atténuation des souffrances des blessés et de leurs familles.

Plus des trois-quarts des pays du monde ont à ce jour adhéré à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. L'utilisation de mines par les États, y compris ceux n'étant pas partie à la Convention, est de plus en plus exceptionnelle. Jusqu'à récemment, le nombre annuel de nouvelles victimes de mines et de restes explosifs de guerre diminuait régulièrement. Cette tendance a néanmoins commencé à s'inverser, notamment en raison de l'utilisation d'engins improvisés dans des pays actuellement secoués par des conflits armés. C'est ainsi que, dans 56 pays et territoires touchés par les mines et les restes explosifs de guerre, les armes et les munitions héritées des conflits passés, auxquelles viennent s'ajouter celles utilisées dans les conflits en cours, font des milliers de victimes chaque année.

Les personnes blessées par des mines terrestres ou d'autres restes explosifs de guerre ont généralement besoin de soins à vie. Selon la Convention, les États s'engagent à aider les centaines de milliers de victimes des mines, qui se trouvent pour la plupart dans des pays où les infrastructures de santé et de réadaptation physique ont des capacités très limitées. Si l'inclusion de l'assistance aux victimes dans la Convention a été une avancée majeure, les progrès dans ce domaine tardent à se faire sentir. Malgré une amélioration générale de leur capacité à recueillir des données afin de mieux comprendre les besoins des victimes, beaucoup d'États parties manquent encore d'un plan national d'aide aux victimes, et les personnes habitant dans des régions isolées peinent toujours à accéder aux services dont elles auraient besoin. En conséquence, de nombreux survivants attendent encore une amélioration de leurs conditions de vie, notamment en matière d'accès aux soins médicaux, à la réadaptation physique, à un soutien psychologique, aux services sociaux, à l'éducation et à l'emploi.

La Convention fixe également des buts clairs en termes de déminage, accordant un délai de 10 ans à chaque pays pour dépolluer son territoire. Depuis l'adoption de la Convention, des milliers de kilomètres carrés ont été déminés et 30 États parties, dans certaines zones desquels la présence de mines était avérée ou suspectée, en seraient désormais débarrassés. Des opérations de déminage sont en cours dans 30 autres États, dont la plupart ont toutefois dû demander une prolongation de l'échéance initiale fixée à 10 ans.

Les États Parties sont en outre tenus de détruire leurs stocks de mines antipersonnel. Avant l'adoption de la Convention, plus de 130 États auraient été en possession de telles armes. Depuis, les États parties en ont détruit plus de 53 millions, et aujourd'hui, seuls 30 États – dont 27 n'ayant pas encore ratifié la Convention – continueraient de stocker des mines antipersonnel.

La troisième Conférence d'examen de la Convention – qui s'est tenue à Maputo, au Mozambique, en 2014 – a souligné l'attitude dynamique et axée sur les résultats que les États parties affichent pour faire face aux défis actuels. À cette occasion, ceux-ci ont adopté le Plan d'action de Maputo, qui fixe des objectifs ambitieux destinés à renforcer les travaux entrepris dans les domaines de l'assistance aux victimes, de la destruction des stocks et du déminage, et ont déclaré conjointement qu'ils aspiraient à atteindre les principaux objectifs de la Convention d'ici à 2025. Une mise en œuvre résolue et des ressources suffisantes allouées durablement permettront de réaliser les aspirations du Plan d'Action.