Journée mondiale de la santé mentale 2022

Quatre expressions à ne pas employer lorsque l’on parle de santé mentale

Les mots ont leur importance, en particulier lorsque l’on parle de santé mentale. Employer un vocabulaire jugé discriminatoire ou stigmatisant a des répercussions profondes et durables sur les individus, leur famille, leurs communautés et l’ensemble de la société.
Article 12 octobre 2022

Utiliser un langage approprié n'est pas un exercice de style ou de politiquement correct, mais un gage de respect profond pour l'intégrité et la dignité des personnes, selon les experts.1 Choisir les bons mots est crucial pour en finir avec les stéréotypes négatifs associés aux problèmes de santé mentale et leurs répercussions actuelles et futures.

Les travaux de recherche révèlent que les personnes stigmatisées évitent de demander de l'aide – aide qui pourrait s'avérer vitale. Cela est également valable lors des conflits armés, qui ont souvent des incidences graves et directes sur la santé mentale et le bien-être des individus.

La santé mentale et les besoins psychosociaux des personnes prises au piège des conflits doivent bénéficier de l'attention croissante dont fait l'objet la santé mentale au niveau mondial. Depuis 2007, année durant laquelle le premier conseiller en santé mentale et soutien psychosocial (SMSPS) a été embauché, le CICR s'emploie à garantir que les personnes touchées par des conflits et d'autres situations de violence aient accès à des soins de santé mentale conformes aux normes universellement reconnues.

Cette année, la Journée mondiale de la santé mentale est l'occasion pour nous, au sein du CICR, de faire le point sur les expressions à ne pas employer lorsqu'il est question de santé mentale.

Il s'est suicidé : Nous devrions dire "Est décédé(e) de suicide Ou s'est ôté(e) la vie » car cela permet d'éviter de discriminer les personnes qui ont perdu leur bataille face à une maladie et qui est la conséquence d'une maladie.

Une personne est 'un schizophrène' : Nous devrions dire : « Une personne a été diagnostiquée/ a le diagnostic de/ est traitée pour / reçoit un traitement pour la schizophrénie », car parler de quelqu'un comme un schizophrène veut dire qu'on désigne la personne par sa maladie mentale.

'Un drogué' 'Un addict aux drogues' 'Un consommateur de drogues' ' un alcoolique' 'un ivrogne' : L'addiction est une maladie chronique mais qui peut se traiter. En utilisant un langage centré sur la personne, c'est davantage la maladie plutôt que la personne qui est le problème. Eviter des termes qui sont des associations négatives, ou à connotation punitive vis-à-vis d'une attitude, ou qui blâment l'individu. Nous devrions plutôt parler de :

  • Une personne vivant avec des troubles de l'utilisation de substances/troubles de la toxicomanie
  •  
  • Une personne avec une addiction aux opioïdes.
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  • Une personne avec un trouble de la consommation d'alcool
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  • Une personne qui fait un mauvais usage de substance ou d'alcool
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  • Une personne qui se livre à un usage dangereux/malsain de l'alcool ou d'autres substances
  •  

'Un patient aliéné', 'lunatique', 'psychotique', 'fou', 'dément' : Certains langages donnent un caractère sensationnel aux maladies mentales, sont dérogatoires et offensifs, et renforcent les stigmas.

Une approche terminologique basée sur les droits humains, qui met les personnes au centre, donne plus de pouvoir. Pour cela, nous devrions plutôt parler de :

  • Une personne "vivant avec" ou "ayant un diagnostic" de trouble mental /maladie mentale
  •  
  • Ou Une personne avec un handicap/trouble psychosocial
  •  

Pour finir, il convient de souligner que nous avons tous des besoins différents, et qu'il n'existe donc pas de solution passe-partout en matière de soins de santé mentale. Il est par ailleurs important de se rappeler que les individus sont résilients, même en situation de crise. L'approche SMSPS, n'est pas passive mais active ; elle se fonde sur le respect de la capacité d'action des individus et vise à renforcer leur résilience face à l'adversité en leur permettant de retrouver une vie fonctionnelle.

La pandémie de COVID-19 nous a montré que la santé mentale ne pouvait pas attendre. Il n'y a pas de santé en l'absence de santé mentale, la santé étant un état complet de bien-être physique, social et mental, et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité (Constitution de l'OMS). La santé mentale n'est toutefois pas un « phénomène COVID ». Le CICR s'emploie à garantir que les personnes touchées par des conflits et d'autres situations de violence aient accès à des soins de santé mentale conformes aux normes universellement reconnues. Les activités SMSPS mises en place par le CICR se sont considérablement accrues, le nombre de programmes SMSPS étant passé de 10 en 2010 à 279 en 2021. Au cours de l'année 2021, nous avons par ailleurs touché 726 748 bénéficiaires dans le monde entier. Bien que les besoins en matière de SMSPS aient gagné une place plus importante ces dernières années, l'écart continue d'être considérable entre les besoins et l'accès aux soins (OMS, 2017).

Vous pouvez apporter votre contribution en œuvrant en faveur de la santé mentale, et ce, des manières suivantes :

  1. Ne pas oublier que le suicide est une question de santé publique
  2.  
  3. Prôner le fait que la santé mentale est tout aussi importante que la santé physique
  4.  
  5. Utiliser des termes qui donnent du pouvoir, propices à l'autonomisation
  6.  
  7. Faire voler en éclats les mythes sur la santé mentale chaque fois que l'occasion se présente, afin de combattre la stigmatisation
  8.  
  9. Employer le langage approprié préconisé dans une optique de sensibilisation et par souci de justesse
  10.  

1 CBM Disability Inclusion Development toolkit (page 24).