Nan (en Bleu, beige) et Risnata, deux braves dames de Ouahigouya qui accueillent des femmes déplacées au sein de leur coopérative, avec le soutien du CICR, elles ont diversifié leur production et fait un très bon rendement
Alphonse Ch Pierre DIOH

Au Burkina Faso, les populations civiles continuent d’être affectées par les violences armées récurrentes. Les défis sécuritaires et humanitaires nés de cette situation restent des facteurs importants de déplacement des populations, de vulnérabilité des communautés et de réduction de l’offre des services sociaux de base. Dans les localités les plus impactées où il intervient, le CICR travaille en toute transparence et son action contribue à faire face aux urgences, à renforcer la résilience des communautés et à apporter un soutien systémique à plusieurs institutions.

L'impact de notre action en 2024

 En 2024, les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina Faso se sont focalisées sur quatre axes : la Protection, la Prévention, l’Assistance aux communautés résidentes et aux Personnes Déplacées Internes (PDI), et la Coopération au sein du Mouvement Croix-Rouge. 

En Protection, le CICR a renforcé ses activités en faveur des détenus. Il a également poursuivi ses activités de rétablissement des liens familiaux en faveur des familles séparées, et renforcé ses interactions avec les autorités sur la protection des civils. Par ailleurs, le CICR a continué ses efforts de prévention par la promotion du Droit International Humanitaire (DIH) auprès des Forces de Défense et de Sécurité, des autorités administratives et judiciaires, des responsables communautaires et religieux, des étudiants et des médias. En Assistance, surtout dans les régions du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel, où les besoins humanitaires sont les plus importants, le CICR a fourni des vivres et des articles de première nécessité aux plus vulnérables, apporté un soutien aux éleveurs et agriculteurs, soutenu des activités génératrices de revenus (AGR), réalisé des forages pour l’approvisionnement en eau et a soutenu l’accès aux soins de santé pour des malades et des blessés. 

Proximité avec les communautés

Quelques chiffres clés

120 900

 personnes déplacées et/ou résidentes ont reçu un soutien pour renforcer leur autonomie et protéger leurs moyens d’existence.

758 520

consultations ont été réalisées en faveur des personnes déplacées dans 17 structures de santé soutenues par le CICR.

4680

appels téléphoniques ont été facilités par le CICR et la CRBF afin de permettre a des personnes déplacées de maintenir et/ou rétablir leurs liens familiaux.

76 000

personnes déplacées et/ou résidentes ont amélioré leur accès à l’eau potable grâce à la réhabilitation et la réparation de pompes à motricité humaine et des systèmes d’adduction en eau.

Appui au relèvement des ménages vulnérables : Comment Tchaldjoa s’est adapté à sa nouvelle réalité

Face à la crise sécuritaire grandissante dans l’Est du Burkina Faso, Tchaldjoa et sa famille ont été contraints de fuir leur village en 2019. Arrivés à Diapaga, ils ont dû faire face à la nouvelle réalité marquée par des difficultés d’accès aux services sociaux de base.

Il nous en parle.

Je me nomme Tchaldjoa, suis originaire du village de Nadiabonli, situé non loin de la commune de Partiaga, dans la province de la Tapoa. En 2019, à cause de la situation sécuritaire, j’ai dû fuir mon village pour rejoindre Diapaga. Dans cette fuite pour la survie, nous avons dû tout abandonner. Et ici avec ma femme et mes 9 enfants, il a fallu s’adapter à notre nouvelle vie.

Pour nous loger, les deux premières années, je payais 10 000 FCFA par mois. Puis, voyant nos difficultés, le bailleur a cessé de nous faire payer le loyer. La scolarisation des enfants était devenue un luxe alors que quand nous étions chez nous, tous mes enfants allaient à l’école. Ici, seuls les trois plus jeunes peuvent encore étudier.

J’ai entrepris de multiples démarches afin de subvenir aux besoins de ma famille , de reprendre goût à la vie et de m’épanouir dignement mais les choses étaient difficiles.  Ne pouvant plus accéder aux champs en périphérie à cause de l’insécurité, j’ai sollicité un lopin de terre à mon voisin pour me lancer dans le maraîchage afin de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. C’est ainsi que j’ai eu l’opportunité d’être identifié par des volontaires de la Croix-Rouge et mon nom a été retenu sur la liste bénéficiaires des semences maraichères du CICR. J’ai bénéficié comme beaucoup d’autres déplacés de conseils, et surtout, j’ai reçu sept (07) espèces de semences (aubergines, oignons, choux, tomates, poivrons, piments, etc.) en quantité suffisante ». Cette donation du CICR a beaucoup changé ma vie.

"Désormais, je cultive sur deux sites, j’emploie trois jeunes hommes pour m’aider, et j’arrive à scolariser mes enfants. La vie recommence à avoir du sens pour moi." 

Burkina Faso : Lorsque les mots manquent, les enfants dessinent leurs douleurs

Le Burkina Faso est confronté à des violences armées qui forcent de nombreux civils à abandonner leur lieu de vie, souvent après avoir été témoins d’atrocités. Mais être à l’abri du danger physique ne signifie pas se trouver encore complètement en sécurité : terreurs nocturnes, cauchemars, isolement familial, social et professionnel… Les violences vues et subies laissent de graves séquelles psychologiques.

Ces « blessures invisibles » sont fréquemment négligées et peuvent entraîner des conséquences tragiques et difficilement surmontables si elles ne sont pas prises en charge. Les enfants sont particulièrement à risque car ils n’ont pas la même capacité qu’un adulte à s’exprimer ou à demander de l’aide.

Agé de 15 ans, Aly a dû attendre trois ans avant de pouvoir faire face aux événements traumatiques dont il a été témoin et qui l’ont poussé, lui et sa famille, à fuir leur localité. Ils se sont retrouvés sur un site de personnes déplacées à la périphérie de Ouahigouya, dans le nord-ouest du Burkina Faso. « On a commencé par des médicaments traditionnels puis la médecine moderne mais sans résultat », explique le père d’Aly. Les maux de tête et les terreurs nocturnes de son fils ne cessaient pas.

Après une session de sensibilisation sur les troubles mentaux effectuée au sein de la communauté par des agents de santé, la mère d’Aly a inscrit ce dernier à une thérapie disponible au centre médical Lazaré de Ouahigouya, un centre soutenu par le CICR.


Au fil des sessions, Aly est parvenu à maîtriser ses angoisses psychologiques en dessinant les événements qui le hantent.

Petit à petit, des enfants comme Aly ont retrouvé un espace d’expression. Ils peuvent ainsi verbaliser leurs peurs et reprendre un semblant de vie normale : jouer, manger, dormir, interagir avec les autres, parler, ou encore travailler à l’école.

Aujourd’hui, grâce à la thérapie, au suivi à domicile et au soutien de sa famille, Aly a retrouvé le chemin de l’école et a renoué des liens plus apaisés avec sa famille. « Il n’a plus de maux de tête. Sa manière de s’exprimer et son comportement ont changé », nous confie, soulagé, le père d’Aly.

Pour en savoir davantage, consultez nos faits et chiffres de Janvier à décembre 2024

CICR Burkina Faso_Faits et chiffres Janvier-décembre 2024_web.pdf
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