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Afghanistan : comment lutter contre le Covid-19 dans la plus grande prison du pays

Alors que le monde est toujours aux prises avec les profonds bouleversements engendrés par la pandémie de Covid-19, une chose est sûre : le virus frappe sans discrimination. Si personne n’est à l’abri de la maladie, certains groupes y sont plus vulnérables que d’autres. C’est notamment le cas des détenus, pour qui l’accès à l’assainissement et aux soins de santé demeure un défi de premier plan.

En Afghanistan, d'après les données disponibles, plus de 100 cas de Covid-19 ont été dépistés à ce jour dans des lieux de détention. Si ce chiffre peut sembler faible, il n'en est pas moins inquiétant et révélateur des risques d'épidémie auxquels pourraient être confrontées les structures de détention afghanes dans les jours à venir si des mesures de prévention adéquates ne sont pas mises en place.

Avec plus de 9 000 détenus, la prison centrale de Pul-i-Charkhi est la plus vaste d'Afghanistan, et aussi la plus vulnérable.

Afin de permettre aux détenus d'observer les règles d'hygiène indispensables et de limiter les contaminations, le CICR a procédé, en plus des distributions habituelles, à la mise à disposition d'importants stocks d'articles d'hygiène dans le cadre d'une opération spéciale Covid. Il a ainsi fourni du savon, de l'eau de Javel, des sprays désinfectants et du chlore, ainsi que des équipements de protection individuelle (EPI) – bottes en caoutchouc, gants, etc. – pour le personnel chargé de désinfecter les locaux.

Par ailleurs, des stations de lavage des mains équipées de distributeurs de savon ont également été installées à l'intention des détenus et du personnel pénitentiaire, et du matériel pour la gestion des dépouilles a été fourni aux autorités afin de garantir une prise en charge sûre et digne des personnes décédées du Covid-19.

Le soutien apporté par le CICR à la prison de Pul-i-Charkhi a également consisté à renforcer l'offre interne de soins de santé, à améliorer les procédures de dépistage du Covid-19 et à faciliter la mise en place de zones d'isolement pour les détenus porteurs du virus. L'institution a également fourni au personnel pénitentiaire des EPI complets – gants, masques, blouses, tabliers, lunettes de protection, charlottes, surchaussures, savon et désinfectant – ainsi que des thermomètres infrarouges.

Le CICR a par ailleurs accordé une prime aux professionnels de la santé recrutés dans diverses prisons afghanes pour lutter contre le Covid-19, notamment au personnel féminin affecté aux postes de dépistage installés à l'entrée principale du complexe pénitentiaire de Pul-i-Charkhi. Grâce à ces renforts, le personnel médical est désormais en mesure de prendre en charge les détenus de manière appropriée, de détecter les cas de Covid-19 à un stade précoce et ainsi de contenir plus efficacement la propagation de la maladie.

Outre ce soutien matériel et financier, le CICR a également fourni une assistance technique aux autorités pénitentiaires de Pul-i-Charkhi et d'autres lieux de détention du pays pour les aider à mettre en œuvre le plan d'urgence spécial Covid adopté par le ministère de la Santé publique et la Direction générale des prisons et des centres de détention.

Trois autres prisons situées dans d'autres régions d'Afghanistan – Bagram à Parwan, Sarpoza à Kandahar, et Herat dans l'ouest du pays – ont également reçu les mêmes équipements.

Mais l'action du CICR s'étend bien au-delà de l'enceinte des prisons. Elle consiste aussi à mobiliser divers ministères et organismes, et à participer au Comité central d'intervention d'urgence dans les lieux de détention pour veiller à ce que des mesures adéquates de prévention et d'endiguement de l'épidémie soient mises en œuvre.

Le CICR poursuit par ailleurs son travail de concertation avec les autorités étatiques, non étatiques et internationales pour assurer la protection des détenus vulnérables. Ce travail prend notamment la forme de recommandations sur les mesures à prendre sans délai pour désengorger les prisons, telles que la libération anticipée ou provisoire de certaines catégories de détenus. Diverses recommandations de politique générale sur la prévention et la gestion de la crise du Covid-19 doivent en outre être mises en œuvre dans les lieux de détention.

À cet égard, le CICR a fourni au bureau d'enregistrement de la prison de Pul-i-Charkhi du matériel informatique afin d'accroître la performance du système de gestion de l'information actuellement utilisé par les autorités et d'accélérer le traitement des dossiers des détenus qui peuvent bénéficier d'une remise en liberté anticipée ou provisoire en vertu des trois derniers décrets présidentiels.

Le CICR a adapté ses modalités de travail de manière à respecter les mesures de prévention, notamment les restrictions en matière d'interactions en face à face, tout en veillant à assurer la poursuite des activités essentielles au bien-être des détenus en cette période de vulnérabilité accrue.

Le CICR a ainsi poursuivi son travail d'évaluation des conditions générales de détention, du traitement réservé aux détenus et d'autres questions liées à la détention, en collaboration avec les représentants des détenus et les autorités pénitentiaires, et continué de formuler des recommandations visant à remédier aux lacunes constatées. Il a également permis aux détenus les plus fragiles de maintenir le lien avec leurs familles en assurant la distribution de messages personnels.