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Appels à l'action pour la Colombie en 2023

Recommandations sur la situation humanitaire du pays.

La réalité des Colombiens vivant au milieu des conflits armés et de la violence reste complexe. Ce sont nos appels à l'action pour l'année 2023 concernant les problèmes qui nous préoccupent le plus en Colombie.

Quant aux conflits armés

  • Il est essentiel que les acteurs armés permettent aux organisations humanitaires impartiales d'accéder aux différentes régions pour alléger les souffrances de la population civile et atténuer les conséquences humanitaires des conflits armés et de la violence. Ils doivent notamment respecter les règles et les méthodes de travail de ces organisations, fondées sur les principes de neutralité, d'impartialité et d'indépendance.
  • Dans le cadre d'éventuels dialogues ou négociations entre l'État colombien et les groupes armés, il est important que les parties s'engagent à mieux respecter le DIH afin de réduire les effets des conflits armés, et qu'elles déterminent leurs éventuelles obligations après les conflits. À cet égard, pour conserver sa capacité à protéger les personnes touchées par les conflits armés, le DIH ne doit pas faire l'objet d'interprétations politiques ni être lié à des décisions politiques.
  • Le respect du DIH par les parties revêt une importance primordiale pour les personnes touchées par les conflits armés. Lorsque la protection conférée par ses règles est garantie, la souffrance humaine diminue. C'est pour cela que nous insistons auprès des parties aux conflits pour qu'elles protègent la vie et la dignité des personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités et pour qu'elles les traitent avec humanité en toutes circonstances.
  • Nous appelons les acteurs armés à réduire les conséquences humanitaires directes et indirectes de la présence, l'usage et l'abandon d'engins explosifs pour la population civile.
  • Il est essentiel que les enfants et les adolescents ne soient associés d'aucune manière à des acteurs armés; les groupes armés étatiques et non étatiques doivent respecter la protection qui leur est conférée par le DIH et les autres règles humanitaires. De même, il est indispensable que l'État colombien favorise la mise en place d'espaces de protection et crée des opportunités dans les régions rurales et urbaines, dans le but de prévenir le recrutement de mineurs et leur participation aux hostilités.
  • Nous insistons sur l'importance pour l'État de renforcer ses capacités institutionnelles afin d'apporter une réponse globale aux personnes touchées par les conflits armés.

Quant aux disparitions

  • Nous exhortons les acteurs armés à prendre les mesures nécessaires pour prévenir les disparitions, notamment à gérer les dépouilles de manière adéquate et permettre les contacts entre proches. Nous leur demandons également de communiquer aux institutions chargées des recherches toutes les informations pouvant aider à déterminer le sort des personnes disparues.
  • Nous rappelons aux procureurs, aux juges et aux autorités en général que le Mécanisme de recherche urgente est un outil indispensable devant être activé immédiatement et de manière appropriée en cas de disparition.
  • Nous demandons à l'État et à la société colombienne de continuer à soutenir l'Unité de recherche des personnes portées disparues (UBPD) en mettant à disposition les ressources financières nécessaires à son fonctionnement, en facilitant la coordination interinstitutionnelle et en lui fournissant les informations utiles à la réalisation de son important travail humanitaire.

Quant à la mission médicale et aux autres formes de services de santé

  • Nous exhortons les acteurs armés à mettre fin aux attaques contre les personnels de santé et les installations et véhicules sanitaires, qui doivent être protégés en particulier dans les endroits où les services de santé sont le plus fragiles, notamment dans les zones touchées par les conflits armés et la violence.
  • Nous demandons instamment à tous les citoyens de respecter et protéger la missions médicale et les autres formes de services de santé, et de reconnaître l'importance de leur rôle dans la société. Nous leur rappelons en outre qu'il est essentiel de permettre aux personnels de santé de faire leur travail en toutes circonstances et sans restrictions arbitraires.

Quant aux personnes privées de liberté dans des établissements pénitentiaires

  • Nous saluons les initiatives de l'État colombien visant à réformer le système pénal et pénitentiaire et à le rendre plus humain. Nous relevons en particulier l'approbation du projet de loi 093 de 2019, qui établit le service d'utilité publique comme sanction alternative pour les détenues cheffes de famille, conformément aux recommandations que nous avions formulées.
  • Malgré les efforts réalisés, l'État n'a pourtant pas réussi à répondre à l'intégralité des besoins des personnes privées de liberté ; si l'on garde à l'esprit que le recours à la détention doit rester exceptionnel et rationnel, il est indispensable de repenser la politique pénale pour qu'elle garantisse un meilleur accès à l'assistance juridique, le respect des délais de procédure, et des solutions alternatives à la détention fondées sur une approche différenciée.
  • Nous saluons les efforts de l'État en vue d'améliorer la santé des personnes privées de liberté. Cependant, la santé pénitentiaire étant une affaire publique, nous recommandons que sa gestion soit confiée à une seule institution et qu'elle bénéficie d'une plus grande implication du ministère de la Santé et de la Protection sociale.