Communiqué de presse

Brésil : le CICR publie un rapport sur les conséquences des disparitions de personnes

Ce document contient des recommandations à l’intention des autorités et de la société brésiliennes.

Ce document contient des recommandations à l’intention des autorités et de la société brésiliennes.

Brasilia (CICR) – Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) publie le rapport "Still?" This Is the Word That Hurts the Most, une évaluation approfondie des multiples besoins des familles de personnes disparues dans l'État de Sao Paulo. Le rapport rend compte de la complexité du phénomène des disparitions de personnes au Brésil et contient une série de recommandations à l'intention des autorités, auxquelles il incombe de répondre aux besoins de ces familles de manière adéquate.

« À travers ce rapport, nous avons voulu analyser plus en détail les principaux besoins des personnes qui sont à la recherche d'un proche disparu et en proposer une synthèse », explique Alexandre Formisano, chef de la délégation régionale du CICR pour l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay et l'Uruguay. « Au-delà des difficultés qu'elles rencontrent pour faire la lumière sur ce qui est arrivé à leurs proches, ces familles se heurtent au quotidien à d'autres problèmes dans divers domaines. La disparition d'un être cher a des répercussions psychologiques, financières et juridiques sur les membres de la famille, et peut affecter leur sécurité et leur santé physique. Il importe que ces personnes reçoivent le soutien des autorités et de la société civile. Tel est l'objectif des recommandations compilées dans ce rapport. »

Les disparitions de personnes constituent un vaste problème au niveau mondial, à la fois hétérogène et insuffisamment documenté (il existe peu de statistiques sur le sujet). Au Brésil, les chiffres officiels en matière de disparitions sont consignés dans l'Annuaire brésilien de la sécurité publique, publié par le Forum brésilien de la sécurité publique (FBSP), depuis 2017. Chaque année dans le pays, environ 80 000 disparitions sont enregistrées par la police.

Dans le rapport, le CICR énonce des recommandations pour répondre aux besoins des familles de personnes disparues en matière d'accès à la vérité sur ce qu'il est advenu de leur être cher, de reconnaissance, d'égalité de traitement et de justice, de soins de santé physique et mentale, ou encore d'assistance juridique, administrative et financière. Il existe pourtant, au Brésil, un grand nombre d'institutions et d'organisations chargées de répondre à ces besoins.


« Le problème des disparitions de personnes, au Brésil comme ailleurs dans le monde, est un vaste puzzle dont les différentes pièces demeurent plus dispersées qu'on ne le voudrait. Diverses autorités ont un rôle important à jouer dans la résolution de ces affaires et plusieurs passerelles restent à établir non seulement entre elles, mais aussi avec la société civile ainsi qu'entre les familles et les services et groupes susceptibles de leur venir en aide », estime Larissa Leite, coordonnatrice du programme relatif aux personnes disparues et à leurs familles déployé par le CICR au Brésil. « Chaque pièce du puzzle est importante. Plus on travaillera à les rapprocher les unes des autres, plus on aura de chances de retrouver les personnes disparues et d'écourter les souffrances endurées par les familles pendant la phase des recherches », ajoute Rita Palombo, coordonnatrice des activités de protection, soulignant les répercussions du problème des disparitions dans l'ensemble de la société.

Pour Francisca Ribeiro dos Santos, qui est à la recherche de son fils Hugo depuis 2007, le rapport est une bonne synthèse des besoins auxquels les proches de personnes disparues sont confrontés, et les recommandations pratiques qu'il contient épargneront aux familles bien des souffrances qu'elle-même a supportées au cours de ses premières années de recherche, alors qu'elle ne savait pas à qui ni où s'adresser pour obtenir de l'aide. « Ce rapport est un manuel d'apprentissage pour toute personne qui, comme moi, est à la recherche d'un proche. À mes yeux, cette publication est une aide inestimable, que je n'ai trouvée nulle part malgré toutes les portes auxquelles j'ai frappé. Grâce à vous, nous savons maintenant où et comment obtenir le soutien dont nous avons besoin », précise-t-elle.

À propos du rapport

Pour réaliser cette étude, le CICR s'est concentré sur l'État de Sao Paulo, où le nombre de disparitions est le plus élevé du pays, selon les données publiées dans l'Annuaire brésilien de la sécurité publique. Il est ressorti d'une autre étude, menée par le FBSP en collaboration avec le Programme de localisation et d'identification des personnes disparues du Bureau du procureur de Sao Paulo (PLID-SP), sur la base des 23 726 cas de disparition enregistrés par la police locale en 2017, que les personnes portées disparues étaient à 60% des hommes et à 40% des femmes, et qu'elles appartenaient essentiellement aux trois groupes d'âge suivants : 14-19 ans (5394), 30-39 ans (4389) et 20-29 ans (4252).

Pour les besoins de l'étude, le CICR a suivi un groupe de 27 personnes à la recherche d'un proche disparu afin de comprendre leurs besoins, s'entretenant régulièrement avec elles individuellement et collectivement. Il s'est également entretenu avec 18 fonctionnaires spécialisés dans le traitement des affaires de disparition ainsi qu'avec six responsables et employés d'associations de familles de personnes disparues.

Selon le CICR, il faut partir de l'expérience des familles pour élaborer des réponses efficaces au problème des disparitions. Ce sont les proches qui, dans la plupart des cas, connaissent les faits et peuvent guider les recherches ; subissent de plein fouet les conséquences de l'absence ; et savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin. C'est pour cette raison que le CICR insiste tant sur l'importance d'associer les familles à chaque étape du processus de recherche de solutions et d'amélioration de la prise en charge des affaires de disparition.

Il ressort de l'analyse du CICR que les familles de personnes disparues se trouvent dans une situation complexe et qu'elles peinent à obtenir l'aide dont elles ont besoin du fait du manque de coordination entre les nombreuses structures d'assistance existantes. Les besoins des familles demeurent insuffisamment pris en compte, mais les initiatives mises en œuvre à Sao Paulo vont dans le bon sens et nous portent à croire qu'il est tout à fait possible d'appliquer les recommandations énoncées dans le rapport.

À propos de l'évaluation des besoins : en amont de l'élaboration et de la mise en œuvre d'un programme consacré aux personnes disparues et à leurs familles, le CICR évalue les besoins des personnes à la recherche d'un être cher. Il a déjà mené ce vaste travail d'enquête dans différents pays tels que le Mexique, la Colombie, le Pérou, Sri Lanka, l'Afrique du Sud ou encore l'Irak. Dans le cadre de ce travail, nous collectons auprès des familles des informations sur leurs besoins spécifiques, que nous utilisons ensuite pour définir les priorités de l'institution et adapter notre programme au contexte.

 


NOTE À L'INTENTION DES RÉDACTIONS :

  • Le CICR peut faciliter l'organisation d'entretiens avec les membres des familles dont les besoins ont été évalués dans le cadre de l'étude.
  • Larissa Leite, coordonnatrice du programme relatif aux personnes disparues et à leurs familles déployé par le CICR au Brésil, est disponible pour des entretiens.

Informations complémentaires :
Diogo Alcântara, CICR Brasilia, +55 (61) 98248-7600, dalcantara@icrc.org
Sandra Lefcovich, CICR Brasilia, +55 (61) 98175-1599, slefcovich@icrc.org