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Burundi : des volontaires pour sensibiliser les communautés vulnérables contre la Covid-19

Au Burundi, les Batwas, communauté rurale, vivent en marge de la société. Ils sont estimés à 2 pour cent de la population du pays et constituent de ce fait une véritable minorité sociale. Mais face à la pandémie, aucune communauté n’est à négliger.

Chantal*, la quarantaine, fait partie de la communauté Batwa. Nous l'avons rencontrée chez elle, assise à côté d'un kit de lavage de mains. Comme plusieurs de ses pairs, elle a été sensibilisée aux mesures de prévention contre la Covid-19.

Cette mère de trois enfants a participé à plusieurs séances de sensibilisation, animées par les volontaires de la Croix-Rouge du Burundi. Aujourd'hui, le lavage régulier des mains avec du savon et de l'eau propre fait partie de son quotidien. Dans le quartier où elle vit, aucun cas n'a encore été déclaré. Pour autant, le danger est désormais connu et la vigilance reste de mise.

Avant la sensibilisation faite par la Croix-Rouge sur cette nouvelle maladie, je n'avais pas suffisamment d'informations sur le virus. J'avais seulement entendu que notre communauté ne pouvait pas l'attraper.

Paul*, lui, est le voisin de Chantal. Il s'est habitué à la présence des volontaires de la Croix-Rouge qui passent deux à trois fois par semaine dans le quartier pour rappeler les gestes barrières.

Même si la menace est presque invisible, cette pandémie est très dangereuse. Elle me fait énormément peur. Je dois respecter les mesures de prévention pour me protéger.

Sur le site de Nyarumanga à Buterere, où vivent plus de 500 familles, Paul craint une catastrophe. « Un seul cas de covid-19 risquerait de contaminer tout le monde à cause de la densité de la population dans cette zone. »

À Nyarumanga, le virus suscite des craintes et des angoisses profondes chez les Batwas. Alexis Bera, un responsable local, comprend la peur et l'anxiété de la population et veille au bon usage des fournitures distribuées à la communauté. « Nous faisons un suivi régulier pour nous rassurer que tout est bien utilisé », précise-t-il.

Des volontaires en première ligne pour la sensibilisation

Emmanuel est l'un des 12 volontaires qui s'occupent de la sensibilisation dans la communauté batwa depuis mars 2020. « Chaque volontaire fait le suivi de 12 ménages. Nous vérifions que le kit de lavage des mains est disponible et nous rappelons comment se laver les mains ainsi que d'autres mesures de prévention. Nous encourageons les responsables du site à adopter des mesures d'hygiène pour servir d'exemple. »

Avant cette sensibilisation, certains Batwas ignoraient l'existence de la pandémie. Pour le moment, raconte Emmanuel, la communauté a compris qu'il s'agit d'un danger qui n'épargne personne : « Ils savent que la Covid-19 ne connaît pas d'ethnie ou de religion et qu'ils doivent appliquer les mesures de prévention. Les Batwas sont heureux d'aborder le sujet de la prévention contre le coronavirus. À travers les échanges, ils sont amenés à s'interroger sur les conséquences de cette pandémie. »

Ce travail de sensibilisation va continuer pour veiller à ce que les communautés aient accès aux informations nécessaires pour une meilleure prévention de la Covid-19. Malgré les risques de contamination, Emmanuel ne désarme pas. Pour lui, la prévention et l'inclusion doivent être au cœur de la réponse pour aider les personnes marginalisées dans la société. C'est avec beaucoup de courage qu'il accomplit sa tâche, en prenant soin de respecter lui aussi, les gestes barrières.

Au Burundi, comme partout où il intervient, le CICR s'adapte aux nouvelles réalités de cette crise pour continuer de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables. « En collaboration avec nos collègues de la Croix-Rouge du Burundi (CRB), nous apportons soutien et réconfort à cette communauté batwa de Buterere », explique Philippe Beauverd, chef de délégation du CICR au Burundi. « La CRB procède aux séances de sensibilisation sur la prévention contre cette pandémie et à la distribution de kits de lavage des mains, avec le soutien financier du CICR », précise-t-il.

 *Noms d'emprunt

 

Dans le cadre de la riposte à la Covid-19 au Burundi, d'avril à mai 2020, le CICR a :

  • sensibilisé 1 520 militaires et policiers
  • sensibilisé plus de 600 responsables communautaires
  • dans les lieux de détention,  formé et sensibilisé 68 agents administratifs, 30 agents de santé, 200 pairs éducateurs et 219 autres détenus
  • distribué 250 posters et 300 dépliants de sensibilisation à la police
  • distribué, dans 11 prisons : 41 seaux avec robinet, 870 seaux avec couvercles, 129 bidons de détergent de 5 litres, 44 bidons de 20 litres, 78 488 savons pour 3 mois d'utilisation et 200 réservoirs d'eau en plastique de 150 litres
  • aménagé des salles d'isolement (intérieur & extérieur) dans 11 prisons et 2 centres pour mineurs
  • équipé 158 centres de santé en dispositifs de lavage des mains
  • distribué, dans des structures sanitaires, 6000 gants, 3000 masques chirurgicaux ainsi que 6 thermomètres infrarouges
  • soutenu la CRB avec : 14 000 gants, 12 000 masques, 81 brancards, 264 couvertures, 820 imperméables, 500 gilets, 500 dossards et 20 000 litres de carburant pour les urgences.


*Nom d'emprunt