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Cameroun : l'assistance en espèces, c'est choisir selon ses besoins

« Les rations de riz, de haricots et les bouteilles d'huile sont une aide précieuse, mais parfois, c'est simplement l'argent qui manque. On se retrouve à devoir vendre cette nourriture pour pouvoir acheter du savon ou des médicaments. »

Dans la province de l'Extrême Nord du Cameroun, à proximité du lac Tchad, 500 familles déplacées par le conflit ont reçu 66 000 francs CFA (environ 100 euros) pour subvenir à leurs besoins mensuels de base, et, pourquoi pas, démarrer un petit commerce.

Aïcha Abdou, son mari et leurs cinq enfants ont dû fuir leur village il y a deux ans, lorsque la violence du conflit dans la région du lac Tchad a rendu la vie impossible. Depuis leur arrivée à Sera-Haguiya, dans la province de l'Extrême Nord du Cameroun, ils survivent grâce à de petits travaux des champs et reçoivent de la nourriture distribuée par le CICR depuis une année.

Le CICR a commencé à diversifier son assistance humanitaire en donnant de l'argent liquide à la place des rations de nourriture. Cette initiative innovante dans la région devrait permettre de renforcer la résilience des familles déplacées tout en leur donnant les moyens de couvrir leurs besoins essentiels de manière plus efficace. Dans sa première phase, le projet pilote a été testé avec succès en septembre dernier et 500 familles – dont celle d'Aïcha – ont reçu chacune un premier versement. Deux autres versements suivront les prochains mois.

« J'ai déjà réfléchi à la manière d'utiliser cet argent : après avoir acheté la nourriture dont nous avons besoin, je vais investir une partie de la somme pour ouvrir un petit commerce. De cette manière, nous pourrons peu à peu retrouver notre autonomie et couvrir d'autres dépenses, en cas de maladie par exemple. »

CC BY-NC-ND / ICRC / Ousmanou Balkyssou

Ce nouveau programme a pour objectif de donner plus de liberté aux familles déplacées et devrait également permettre de stimuler l'économie locale, un bénéfice additionnel non négligeable. « Nous souhaitons étendre l'assistance en espèces à 7 000 familles déplacées dès l'année prochaine, sans oublier la communauté hôte. En effet, les familles qui accueillent les déplacés sont elles aussi touchées par le conflit et doivent partager leurs ressources avec les nouveaux arrivés », explique Ibrahima Laye, responsable du projet à Maroua au Cameroun.