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Colombie: une main perdue à cause d’un engin explosif

« Comment faire si nous n'avons nulle part où aller ? »

Édison a ramassé par erreur un engin explosif. Non seulement l'explosion lui a arraché la main, mais elle a entraîné le départ forcé de sa famille.

« Je m'appelle Édison et j'ai 27 ans. Je suis né dans le Chocó. Avant, je travaillais dans une exploitation et ma femme restait à la maison pour s'occuper de nos deux enfants. Un jour, alors que j'allais désherber un champ, j'ai vu un récipient par terre et je l'ai ramassé.

Je me suis alors rendu compte que c'était une mine. J'ai voulu la jeter, mais elle a explosé dans ma main et j'ai perdu connaissance. Mon cousin est venu à mon secours. Il a emprunté un véhicule et m'a transporté à Puerto Meluk, mais aucun hôpital n'a pu me prendre en charge. Il m'a ensuite emmené à Istmina : même chose. On m'a alors envoyé à Quibdó, où j'ai été hospitalisé pendant trois jours. Le CICR a fait le nécessaire pour que je sois transféré à Bogotá, où ils m'ont emmené voir le médecin et ont payé les frais. Ils m'ont ensuite transféré à Medellín parce que ma main s'était infectée, et j'ai dû être amputé. Puis, avec leur aide, nous sommes retournés au Chocó.

Pendant le mois qui a suivi notre retour, on a reçu des mots qui étaient glissés sous notre porte. Ma femme disait qu'il fallait partir, mais je lui répondais : « Comment faire ? Nous n'avons nulle part où aller ! » J'avais alors 150 000 pesos, et ils nous ont permis d'aller dans une autre ville. Nous avons appelé une amie, qui nous a aidés à payer les billets pour la rejoindre chez elle. Aujourd'hui, nous vivons dans sa maison.

Ici, le CICR continue de nous aider. Par exemple, nous avons pu acheter des vêtements pour les enfants, et ma femme suit une formation pour travailler dans un hôtel. De mon côté, je gagne de l'argent grâce à un ami qui travaille dans une pêcherie ; il m'appelle lorsque les bateaux arrivent, pour que j'aille décharger les caisses à poissons. C'est parfois difficile car j'ai encore des éclats dans le corps et il me manque une main. Mais je garde la foi : ma femme et moi allons trouver du travail. »

 Ce que fait le CICR

Vereda Balsora, Putumayo. Grâce au pont sur la rivière Piñuña Negro, construit par le CICR,  les enfants ont beaucoup moins de risque de marcher sur un engin explosif sur le chemin de l'école. ©CICR/Andrés Monroy

Action en 2014

Nous renforçons la prévention et portons assistance aux victimes. En plus d'informer les communautés pour éviter les accidents liés aux mines antipersonnel, le CICR accompagne les victimes afin qu'elles reçoivent des soins.

  • Pour réduire les risques, le CICR et la Croix-Rouge de Colombie ont formé 11 500 personnes, parmi lesquelles 1 700 habitants de zones urbaines, sur les comportements à adopter afin d'éviter les accidents liés à des engins explosifs improvisés, à des restes explosifs de guerre et à de petites armes.
  • Le CICR a orienté quelque 200 victimes d'accidents liés aux mines antipersonnel et les proches de personnes décédées en les informant sur leurs droits et les voies de recours pour faciliter leur prise en charge par l'État.
  • Environ 1 800 survivants ont reçu des soins médicaux grâce à l'accompagnement ou à l'aide financière fournis par le CICR.
  • Près de 130 victimes d'accidents liés aux armes ont pu bénéficier d'une rééducation physique. Non seulement ils ont eu accès à des séances de kinésithérapie, mais aussi à des appareils orthopédiques, des fauteuils roulants, de la nourriture et des moyens de transport. Certains d'entre eux ont été soignés dans quatre centres de rééducation avec l'aide du CICR.
  • Au moins huit projets d'infrastructure, notamment la construction d'installations scolaires, de systèmes d'approvisionnement en eau et d'un pont, ont permis d'éviter des accidents.