Nagorno-Karabakh conflict aftermath 2022

Conflit du Haut-Karabakh : l’hiver accroît le désespoir des familles de personnes disparues

Communiqué de presse 27 janvier 2022 Arménie Azerbaïdjan
  • Les dépouilles de plus de 1700 personnes ont été retrouvées, tandis que des centaines de disparitions n'ont toujours pas été élucidées depuis l'escalade de la violence en 2020.
  • Les actions neutres que mène le CICR dans la région comprennent notamment plus de 360 opérations visant à extraire des dépouilles d'anciens champs de bataille.
  • Plus de 4500 personnes sont toujours portées disparues par suite du conflit ayant touché la région dans les années 1990.


Genève (CICR) – Champs de boue, massifs, zones reculées, broussailles truffées de mines et munitions non explosées... Depuis plus d'un an, des dizaines de femmes et d'hommes passent au peigne fin des environnements hostiles en quête de dépouilles de soldats morts au combat.

Près de 300 personnes sont toujours portées disparues par suite de l'intensification des hostilités dans la région du Haut-Karabakh en 2020. Depuis la signature d'un accord de cessez-le-feu en novembre 2020, les dépouilles de plus de 1700 personnes ont été retrouvées. Le processus d'identification et de restitution aux familles a commencé.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en collaboration avec les forces russes de maintien de la paix, a facilité le déroulement de quelque 360 opérations visant à retrouver des restes humains en prêtant main-forte aux équipes locales chargées de la récupération.

« Rien ne peut ramener des proches disparus, mais il est primordial d'offrir à ces centaines de familles la possibilité de savoir ce qui s'est passé. L'environnement est extrêmement dangereux, car le sol est jonché de mines et de munitions non explosées. Pour couronner le tout, les conditions hivernales rendent la visibilité quasi nulle », explique Christopher Poole, qui dirige les spécialistes régionaux du CICR en matière de mines, restes explosifs de guerre, stocks de munitions et armes de petit calibre.

« Pour récupérer ces restes, les équipes doivent affronter des dangers mortels. La gestion des dépouilles doit être exécutée avec dignité, mais également dans les meilleures conditions de sécurité possibles. Nos équipes soutiennent les spécialistes locaux dans cette optique », poursuit Christopher Poole.

Les opérations de récupération de dépouilles sont souvent interrompues pour différents motifs, comme récemment à cause des conditions hivernales périlleuses. Ces opérations font partie de l'action que mène le CICR en tant qu'intermédiaire neutre dans la région depuis 1992.

Par ailleurs, les experts forensiques du CICR apportent un soutien aux morgues de la région en leur fournissant des installations frigorifiques et du matériel et en prodiguant des conseils aux fins de la délicate tâche d'identification.

« La récupération, l'identification et la restitution des restes humains sont des processus longs et complexes. Les autorités et les familles mettent toujours beaucoup de pression sur les experts forensiques afin qu'ils obtiennent des résultats le plus vite possible, mais ils n'ont pas droit à l'erreur », explique Jane Taylor, responsable forensique du CICR pour l'Europe et l'Asie centrale.

En plus des centaines de personnes dont on est sans nouvelles depuis l'escalade des hostilités en novembre 2020, plus de 4500 individus sont toujours portés disparus par suite du conflit survenu dans les années 1990.

« La disparition de personnes et l'ignorance dans laquelle sont plongés les proches représentent l'une des blessures les plus béantes – mais aussi les plus sous-estimées – des conflits. Aujourd'hui, en Europe, les familles sont des milliers à porter une telle souffrance. En plus des personnes touchées par la situation dans la région du Haut-Karabakh, des centaines d'individus manquent toujours à l'appel en Ukraine huit ans après le début du conflit. Dans les Balkans, plus de 10 000 personnes sont également portées disparues », indique Martin Schüepp, directeur régional du CICR pour l'Europe et l'Asie centrale.

Le CICR est la seule grande organisation humanitaire menant des activités dans la région en rapport avec le conflit du Haut-Karabakh. Institution neutre, indépendante et impartiale, il œuvre dans le cadre d'un mandat qui découle des Conventions de Genève de 1949.

En plus de déployer des efforts dans les domaines de la médecine légale, de la contamination par les armes, des disparitions de personnes et de la détention, le CICR mène de nombreuses activités humanitaires dans toute la région. En particulier, il aide des dizaines de milliers de personnes à rétablir leurs moyens de subsistance, il améliore l'accès à l'éducation, il lutte contre les problèmes psychologiques et de santé mentale et il sensibilise les populations aux dangers des mines.

Note à l'intention des rédactions

  1. Le directeur régional du CICR pour l'Europe et l'Asie centrale, des spécialistes régionaux des armes et de la médecine légale ainsi que des porte-parole se tiennent à disposition pour des interviews.
  2. Le droit international humanitaire fait obligation aux parties à un conflit de rechercher et de recueillir les morts, de traiter les restes humains avec respect et d'organiser leur restitution au camp opposé, y compris les restes humains liés à des phases antérieures d'un conflit.
  3. Créé en 1863, le CICR mène des opérations dans le monde entier pour porter assistance aux personnes touchées par les conflits armés et la violence et promouvoir les lois qui protègent les victimes de la guerre. Son siège est à Genève, en Suisse, et il intervient dans plus de 100 pays. Le mandat de cette organisation neutre, indépendante et impartiale découle des Conventions de Genève de 1949.
  4. Le CICR compte plus de 400 collaborateurs dans la région et dispose d'un budget de 44,5 millions de francs suisses.



Informations complémentaires :
Crystal Wells, CICR Genève, cwells@icrc.org, +41 79 642 80 56
Ruth Hetherington, CICR Genève, rhetherington@icrc.org, +41 79 217 32 23