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Conflit du Haut-Karabakh : un lourd tribut à payer

En plus de 30 ans, le conflit du Haut-Karabakh n’a cessé d’infliger pertes et souffrances à la population. Plus de 30 000 morts auxquels s’ajoutent 4 500 personnes portées disparues et des milliers blessées, victimes de mines terrestres ou de munitions non explosées. La vie dans cette région est rythmée par la peur, celle d’être tué ou celle d’être blessé. Alors quand survient une soudaine intensification des combats, la panique et l’effroi prévalent pour la population civile.

Depuis le 27 septembre au matin, la situation sur la ligne de contact s'est brusquement aggravée avec tirs d'artillerie et bombardements indiscriminés sur des zones densément peuplées. A l'approche de l'hiver, aux conséquences humanitaires déjà importantes des combats, la situation des populations pourrait encore plus se dégrader. A cette heure, nombre de personnes se terrent dans les sous-sols tandis que d'autres n'ont eu pour choix que tout quitter, fuyant en quête de sécurité. Comme souvent les plus vulnérables, comme les personnes âgées, ont été condamnées à rester. Quant aux enfants, leur scolarité vient de s'interrompre brutalement.

Aziz Karimov/Reuters

Des centaines de maisons mais aussi des hôpitaux et des écoles, ont été détruits ou endommagés par de l'artillerie, des attaques aériennes et tirs de missiles. Routes, réseaux d'électricité et de gaz, lignes de communication n'ont pas été non plus épargnés. Il est fait état d'innombrables morts et blessés.

Eric Grigorian/EVN Report

« Les bombardements aveugles et autres attaques indiscriminées qui plus est à l'arme explosive dans des zones densément peuplées sont interdites par le droit international humanitaire. Celles que l'on nous rapporte et dont le bilan humain est déjà très lourd doivent absolument cesser » insiste Martin Schüpp, directeur du CICR pour la région.

Nijat Alili/APA

Les attaques portées contre des cibles militaires situées en zone habitée sans que toutes les mesures d'atténuation nécessaires soient prises pour réduire le risque de dommages civils qu'elles présentent risque de violer le droit international humanitaire.

Les familles ou les personnes isolées rencontrées par le CICR de part et d'autre de la ligne de contact sont terrifiées. Elles ne savent ni où aller ni quoi faire pour se mettre à l'abri. Des parents avec nourrissons et enfants en bas âge se terrent dans des sous-sols sans chauffage avec l'espoir ténu d'échapper à la violence.

Armineh Grigoryan/ICRC

« Nous réaffirmons notre engagement à soulager les souffrances de toutes les victimes de cette escalade de violence et, conformément à notre mandat, à ménager des espaces humanitaires neutres pour contribuer à apaiser les tensions et faciliter le rapatriement des prisonniers ou des dépouilles mortelles », déclare Martin Schüepp. « Nous exhortons les parties à déployer tous les efforts possibles pour respecter en tout temps les principes du droit international humanitaire ».

Le CICR a déjà pu fournir aux hôpitaux du Haut-Karabakh des secours médicaux d'urgence (kits pour soigner les blessures par armes, médicaments, bandages, matériel de suture) ainsi que des sacs mortuaires destinés au bureau de médecine légale de la région. Des évaluations sont actuellement en cours pour dimensionner au mieux l'assistance notamment dans le domaine de la santé mais aussi sur la situation des personnes qui ont fui leur logement. A cela s'ajoute, la préoccupation des équipes à renforcer les capacités médico-légales par un soutien technique et matériel.

Nijat Alili/APA

Pour autant, les combats incessants limitent les déplacements des équipes sur le terrain rendant difficile une évaluation précise des besoins humanitaires. Le CICR est en contact avec les différentes autorités et structures ainsi qu'avec les communautés locales directement exposées. Objectif : obtenir des garanties de sécurité suffisantes pour atteindre sans encombre les personnes touchées le long de la ligne de contact et leur venir en aide.