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Faire des responsables communautaires et religieux des partenaires dans l’intérêt des populations touchées par le conflit

Yousef al-Yazji, chargé de la communication avec des personnalités influentes de la bande de Gaza aux fins de la prévention, CICR

Pour faire comprendre et pleinement accepter leur action, les organisations humanitaires, y compris le CICR, doivent se donner la peine et prendre le temps d'expliquer les principes fondamentaux qui les guident dans leur travail et de corriger les idées fausses. Sinon, elles risquent de se retrouver coupées des communautés locales, d'encourir leur désapprobation, d'être rejetées et finalement incapables de venir en aide aux personnes en détresse.

Désireux de voir son action mieux comprise et respectée des communautés locales et de renforcer son impact humanitaire, le CICR tente sur place de nouer de nouveaux partenariats avec des acteurs de poids et de gagner leur appui.

Dans les territoires palestiniens occupés où les responsables religieux et communautaires sont traditionnellement des notables dans leurs communautés, on est frappé par l'ascendant qu'ils exercent et par le pouvoir qu'ils ont de parler au nom des habitants. Non seulement ils peuvent aplanir les différends et apaiser les tensions dans leurs communautés respectives mais jouent aussi un rôle non négligeable dans les conflits armés et autres situations de violence. Ils peuvent aider à calmer l'agitation et à créer une atmosphère générale de paix sociale et de sécurité. Ils peuvent également – et c'est très appréciable aussi – faciliter la distribution de l'assistance humanitaire et l'accès aux personnes touchées par le conflit armé en combattant les idées fausses qui circulent à propos des organisations humanitaires internationales et en amenant peu à peu leurs communautés respectives à mieux en comprendre le travail et la mission.

Ayant constaté le rôle extrêmement important que jouent ces responsables dans la bande de Gaza, le CICR dialogue avec eux depuis des décennies pour gagner leur confiance et pouvoir accéder à leurs communautés en temps de paix ou de troubles. S'il a pu agir efficacement dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 et aider des millions de personnes en détresse, c'est en partie à cette ligne de conduite qu'il le doit.

En 2018, le CICR a franchi un pas de plus dans la communication avec les responsables religieux et communautaires de Gaza en organisant plusieurs ateliers de dialogue interactif et d'apprentissage mutuel, dans le but final de mettre en place un partenariat humanitaire qui fonctionne en période d'urgence et de crise. En offrant aux participants la possibilité d'échanger leurs expériences sur les bonnes pratiques humanitaires et de parvenir à une compréhension commune des principes fondamentaux de l'action humanitaire, les ateliers devaient contribuer de manière décisive à la réalisation de ce plan.

Il y a lieu de relever que tout en approfondissant le dialogue et en cherchant à tisser des liens avec des acteurs de poids et des personnalités influentes, le CICR est resté fidèle aux principes de neutralité, d'impartialité et d'indépendance qui le guident. À aucun moment, il n'a perdu de vue l'intérêt supérieur des populations qu'il a pour mandat de secourir et de protéger.

Dans une région sujette à des accès de fièvre, où tant de transformations sont en cours, de même qu'une reconfiguration du paysage géopolitique, la société civile continuera à jouer un rôle capital dans les communautés locales. L'exploration de nouveaux modes d'interaction et partenariats est donc profitable à tous, surtout aux populations touchées par le conflit.