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Irak : rapport d’activité 2016

En Irak, des millions de personnes continuent de subir les conséquences du conflit armé qui déchire actuellement le pays ainsi que les séquelles persistantes des violences passées. Depuis 2014, plus de 3,3 millions de personnes ont été déplacées dans plusieurs régions du pays.

De surcroît, plus de 140 000 personnes ont été déplacées depuis octobre 2016, début de l'opération de l'armée irakienne pour reprendre la ville de Mossoul. Les personnes et les communautés déplacées et installées à proximité des lignes de front, dans des villages repris par l'armée régulière ou dans d'autres zones en proie à des troubles, ont un accès limité, voire nul, aux services de base et aux biens de première nécessité, en raison de la violence généralisée et de la destruction d'infrastructures vitales.

Grâce à son implantation dans tout le pays, le CICR a été en mesure de répondre rapidement aux besoins des personnes touchées par les combats, en particulier celles vivant à proximité des lignes de front ou dans des régions où d'autres organisations sont peu ou ne sont pas présentes. Pour faire face aux besoins accrus engendrés par les opérations militaires à Mossoul, le CICR a renforcé ses activités durant les derniers mois de 2016, incitant notamment les parties en présence à respecter le droit international humanitaire et les autres règles protégeant les civils. Il s'est également employé à venir en aide aux déplacés à l'intérieur de l'Irak, aux communautés d'accueil et aux personnes retournant s'installer dans des zones libérées, en leur distribuant des vivres et des articles ménagers de première nécessité. Enfin, d'autres communautés touchées par le conflit ont bénéficié d'une assistance en espèces et d'un soutien aux moyens de subsistance.

En outre, le CICR s'est efforcé d'améliorer l'accès de millions de personnes à l'eau et aux soins de santé. Il a visité des lieux de détention pour se rendre compte des conditions de vie des personnes privées de liberté et du traitement qui leur était réservé, évaluant notamment l'accès qu'elles avaient aux soins de santé et veillant au respect des garanties judiciaires. Enfin, il a travaillé à faciliter le contact entre proches séparés par suite des conflits dont le pays a été ou est encore le théâtre.

Visites de détenus et rétablissement des liens familiaux

CC BY-NC-ND / CICR

Le CICR a visité des lieux de détention administrés par les autorités centrales et régionales pour se rendre compte des conditions de vie des personnes privées de liberté et du traitement qui leur était réservé. Au terme de ces visites, l'institution, de manière confidentielle, a fait part de ses observations aux autorités concernées et leur a soumis des recommandations de façon à ce que les détenus soient traités avec dignité, que leurs garanties judiciaires soient respectées, et que leurs conditions de vie – s'agissant notamment de l'accès aux soins de santé – répondent à des normes minimales acceptables. Le CICR s'est également efforcé de faciliter le contact entre les détenus et leurs proches par le biais de messages Croix-Rouge, de messages oraux (salamat) ou d'autres services leur permettant d'être en contact avec leur famille.

Activités visant à faire la lumière sur le sort des personnes portées disparues

Les services du Réseau des liens familiaux du Mouvement ont permis à des personnes vulnérables du pays tout entier, notamment des personnes déplacées et des réfugiés syriens, de rétablir et/ou de maintenir le contact avec leurs proches. Des démarches confidentielles ont aussi été entreprises auprès des autorités irakiennes pour permettre à des familles de savoir ce qui était arrivé à des proches dont on présumait qu'ils avaient été arrêtés pour des raisons liées aux hostilités – actuelles ou passées. Le CICR a émis des documents de voyage en faveur de centaines de personnes pour qu'elles puissent se réinstaller facilement dans des pays tiers.

L'institution a par ailleurs continué d'aider des familles à savoir ce qu'il était advenu de proches dont elles avaient perdu la trace. Elle a aussi prodigué des conseils techniques aux experts légistes irakiens dans leur travail de récupération et d'identification de restes humains. Les capacités locales en la matière ont ainsi été renforcées, de même que dans les domaines de la gestion et de la documentation des données, de l'analyse des traumatismes, etc.
En sa qualité d'intermédiaire neutre, le CICR a continué de soutenir les autorités irakiennes dans leurs efforts visant à faire la lumière sur le sort des personnes toujours portées disparues par suite de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et de la guerre du Golfe (1990-1991). Il a en outre fourni un soutien technique, matériel et logistique aux organismes travaillant à récupérer et à identifier les restes humains, de manière à ce qu'ils soient plus performants.

Aide d'urgence et soutien aux moyens de subsistance en faveur des familles vulnérables

CC BY-NC-ND / CICR

En dépit des problèmes de manque d'accès et d'insécurité, le CICR a fourni une assistance d'urgence à des déplacés internes, des communautés d'accueil et des personnes retournées vivre dans leur lieu d'origine – sous forme de vivres, de couvertures, de réchauds pour la cuisine et le chauffage, d'assortiments d'articles d'hygiène, de vêtements d'hiver, de bâches et d'autres articles de première nécessité. Les personnes déplacées installées dans des régions où elles avaient accès aux marchés ont bénéficié de transferts monétaires inconditionnels, grâce auxquels elles ont pu pourvoir à certains besoins essentiels tels que frais médicaux, de scolarité et de logement. Le CICR est avant tout venu en aide à des communautés vulnérables dans les provinces d'Anbar, Salaheddine, Diyala, Kirkouk, Ninive et Bagdad. Les bénéficiaires des activités d'assistance du CICR étaient essentiellement des personnes déplacées de Mossoul et des villages environnants.
Là où les conditions de sécurité le permettaient, le CICR a porté assistance à des ménages vulnérables – en particulier des ménages dirigés par des femmes ou des personnes handicapées – pour leur permettre d'accroître leur production agricole et/ou leurs revenus et, ce faisant, de renforcer leur autosuffisance. Il a par ailleurs aidé plusieurs centaines de ménages dirigés par des femmes à faire les démarches nécessaires pour accéder au système irakien d'allocations sociales.

Amélioration de l'accès à l'eau et à l'assainissement

CC BY-NC-ND / CICR / A. Qusay

Afin que les civils, en particulier les personnes déplacées et celles retournées vivre dans leur lieu d'origine, aient un meilleur accès à l'eau potable, le CICR a construit, modernisé ou remis en état de marche des systèmes d'approvisionnement en eau endommagés par les combats ou n'ayant pas été entretenus convenablement. Il a aussi mené à bien des interventions d'urgence visant à rétablir ou à améliorer l'accès à l'eau potable en faveur de centaines de milliers de personnes touchées par le conflit. Toutes ces initiatives ont permis de réduire le risque de maladies pour des millions d'habitants. Afin de garantir la viabilité de ses projets, l'institution a également formé des techniciens locaux qui seraient ensuite chargés d'entretenir les systèmes de distribution d'eau.

Soins de santé de base pour les blessés et les malades

Pour faire face à l'augmentation des besoins en soins hospitaliers au fur et à mesure que la situation se détériorait, le CICR a renforcé son soutien aux hôpitaux et structures médicales, en particulier aux établissements situés à proximité des lignes de front. Il leur a notamment fourni des équipements, du matériel chirurgical et d'autres fournitures médicales, formant en outre du personnel afin de renforcer la capacité de prise en charge des blessés toujours plus nombreux.

Les cours de formation aux premiers secours et à la traumatologie d'urgence ont permis aux personnels de santé d'être mieux à même de prendre en charge les blessés par arme. Les personnes vivant dans des régions durement touchées par le conflit ou accueillant d'importantes populations de déplacés ont pu bénéficier de soins de santé de base dans des centres de santé primaire rendus opérationnels sur la durée grâce au soutien technique, ainsi qu'au matériel et aux fournitures médicales offerts par le CICR. Plusieurs hôpitaux et centres de santé primaire ont été remis en état, ce qui a permis de renforcer leur capacité d'accueil et de garantir la viabilité des services.

Rapport complet en anglais (PDF)

 

Iraq: ICRC activity report 2016

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