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«Je voulais être infirmière pour être utile à mes compatriotes»

À l’œuvre aux côtés du CICR à Juba, Rosemary Kadi Giryang, infirmière sud-soudanaise, a reçu la médaille Florence Nightingale pour 30 ans de dévouement au service des victimes de la guerre et de la violence.

Rosemary est très occupée.

De l'aube au crépuscule, elle refait les mêmes gestes, avec douceur et précaution. Elle porte sur ses patients un regard plein de compassion, leur parle doucement à voix basse et prend soin d'eux.
Elle est infirmière depuis près de 30 ans.

« J'ai commencé en 1991 à Kapoeta et j'ai rejoint le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à l'Hôpital militaire de Juba en 2013 », explique Rosemary. « Je me souviens que, lorsque le CICR a emménagé ici, la salle commune était pleine d'herbes et de terre. Nous avons dû creuser pour tout enlever et faire place nette. »

Rosemary a commencé sa carrière en 1991 et a rejoint le CICR en 2013. CC BY-NC-ND / CICR / Florian Seriex

Aujourd'hui, la salle est propre et calme mais, si elle pouvait parler, elle se remémorerait sans doute certains des pires moments de la guerre et les innombrables patients qu'elle a accueillis. « En 2016, quand le conflit s'est aggravé, nous n'étions pas assez d'infirmières pour former des équipes de jour et des équipes de nuit », dit Rosemary. Je me suis engagée parce qu'il n'y avait personne pour s'occuper des patients de nuit. Je travaillais donc jour et nuit. »

Le 30 juillet, Rosemary a reçu la médaille Florence Nightingale, la plus haute distinction que puisse recevoir une infirmière et qui est décernée à des infirmiers et aides soignants qui ont fait preuve d'un courage et d'un dévouement exceptionnels envers des victimes de conflits ou de catastrophes. La médaille lui a été remise par Salva Kiir, le président de la République du Soudan du Sud, lors d'une cérémonie qui s'est déroulée dans la capitale, Juba. C'est un hommage rendu non seulement à Rosemary mais aussi aux 860 membres sud-soudanais du personnel infirmier qui se dévouent au service des autres.

Rosemary nettoie la jambe d'un patient sous l'œil attentif de deux stagiaires à qui elle explique comment nettoyer une plaie. CC BY-NC-ND / CICR / Florian Seriex

De retour dans la salle commune, Rosemary nettoie la jambe d'un patient en expliquant à deux stagiaires, qui suivent chacun de ses gestes, comment garder une plaie propre. « Je voulais être infirmière pour être utile à mes compatriotes », dit-elle.

Il est impossible de mesurer l'impact que Rosemary a eu sur la vie de ses concitoyens au Soudan du Sud, pays meurtri par la violence et la guerre depuis des décennies. Quand on lui demande d'estimer combien de personnes elle a pu soigner dans sa carrière, elle répond avec un sourire : « Je ne sais pas – des milliers. Dieu seul le sait. »