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Mali : « Malgré mon handicap, je reste une personne à part entière… »

Souleymane est un jeune commerçant de 19 ans qui parcourait plusieurs foires de la région de Gao. Durant l'année 2016, sa vie bascule suite à un accident de la route. Il est amputé de la jambe droite et a la jambe gauche fracturée. Pris en charge par l'équipe médicale de l'hôpital Hangadoumbo Moulaye Touré de Gao, il retrouve petit à petit le sourire.

Le 9 octobre 2016, sur le trajet entre Batal et Gao, la vie de Souleymane est sur le point de changer à jamais. Le véhicule de transport dans lequel il se trouve va être pris dans un accident d'une extrême gravité. Il y aura plusieurs morts et des blessés.

Souleymane a eu de la chance de s'en sortir vivant. Il a une fracture à la jambe gauche et une blessure sévère à la jambe droite. Il sera transporté d'urgence à l'hôpital de Gao, où il refuse de se faire soigner par la médecine moderne et se tourne vers la médecine traditionnelle.

Quelques jours passent et son état de santé empire. Sa famille décide enfin de le ramener à l'hôpital. Il y est reçu par l'équipe chirurgicale conduite par l'un de nos médecins. Le diagnostic tombe : il faut amputer sa jambe droite.

Pour Souleymane, c'est un cauchemar. Il avait déjà des problèmes à la jambe gauche avant l'accident. « Comment serai-je perçu par ma communauté ? Comment continuer à vivre avec ce handicap ? », se demande-t-il. Pour sa famille, sous le choc, il est hors de question d'amputer.

En pareilles circonstances, un suivi psychologique individuel est préconisé pour le patient. Nos experts en suivi psychosocial et en santé mentale sont donc invités à s'entretenir avec Souleymane. Après plusieurs séances, il finit par accepter son sort et rassure sa famille.

L'opération se passe sans tracas. Il est ensuite pris en charge par le service de physiothérapie de l'hôpital, soutenu par nos experts dans le domaine. Souleymane entame alors une longue période de rééducation afin de retrouver une mobilité physique acceptable.

Après plusieurs semaines difficiles, Souleymane affiche désormais un sourire. Il retrouve peu à peu la joie de vivre. « Je suis convaincu que, malgré mon handicap, je reste une personne à part entière et que je peux reprendre mon commerce et continuer à profiter de la vie », nous confie-t-il. Dès qu'il sera guéri, il recevra une prothèse pour remplacer sa jambe amputée.

Partout au Mali, nous rencontrons de nombreuses victimes de violences armées ou d'accidents de la route. Certaines ont la chance d'être prises en charge médicalement et de bénéficier d'un suivi psychologique. Elles retrouvent souvent une vie plus ou moins normale.

En 2016, nos équipes basées dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal ont effectué plus de 2 000 interventions chirurgicales et plus de 1 000 consultations psychosociales individuelles.