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Niger : Bello Ousmane, un jeune berger qui veut sauver son bétail

Bello Ousmane a 12 ans. Ce jeune berger est orphelin et survit en grande partie grâce à son seul héritage : une dizaine de chèvres. Voici son histoire.

Localité de Kintcha Indi, à 65 km à l'est de Diffa. Le jeune Bello se tient seul à côté de plusieurs adultes, entouré de ses chèvres. La scène est inhabituelle. Il est là pour que ses bêtes bénéficient des services de vaccination et de déparasitage que le CICR rend régulièrement dans la région.

Depuis la disparition de ses parents, Bello doit apprendre à se débrouiller par lui-même. Et vivre avec sa tristesse. Il se souvient :

 C'était l'an passé, le jour de l'Aïd. Mes parents sont morts quand des hommes ont attaqué Kangarwa, notre village qui se trouve près de Toumour. 

Le jeune garçon vit désormais avec sa grand- mère maternelle, dans les environs de Kintcha Indi.

Bello Ousmane, inséparable de son troupeau.

Bello Ousmane, inséparable de son troupeau. CC BY-NC-ND / CICR

Le jour suivant l'attaque, il fallait partir : pour Bello comme pour de nombreux survivants traumatisés, rester dans un village calciné n'était pas envisageable.

« On a pris la route avec une dizaine de chèvres. C'est tout ce qui nous restait. Les hommes armés ont emporté toutes nos vaches. »

Arrivés à Kintcha Indi, Ousmane et sa grand-mère n'avaient même pas un toit pour s'abriter, et encore moins de quoi se nourrir.

« Nous n'avions pas à manger et nos chèvres n'avaient pas de paille pour se nourrir. Certaines d'entre elles sont vieilles et malades. Une organisation est venue ici nous recenser pour nous donner une bâche, des couvertures et des vivres», explique Bello. « Elle n'a pas soigné nos chèvres malades, qui ne donnaient plus de lait, alors que moi, je me nourris de lait de chèvre depuis tout petit ».

Avec la Croix-Rouge nigérienne, le CICR a entamé une campagne de vaccination animale et de déparasitage dans la région de Diffa.

« Un parent est venu nous dire que la Croix-Rouge allait venir pour soigner les bêtes. J'étais très content. C'est pour ça que je suis là, pour que mes chèvres soient en bonne santé. J'espère qu'elles mettront bas d'ici peu. Comme ça on aura du lait. Je n'en ai pas bu depuis notre fuite de Kangarwa », conclut Bello, le visage illuminé par une joie enfantine à peine contenue.

CC BY-NC-ND / CICR

En pleine campagne de déparasitage.

Bello est un de ces nombreux enfants qui ont perdu leurs parents dans le conflit armé qui sévit dans les pays du lac Tchad. Malgré son jeune âge, il tente de sauver ses chèvres de la maladie, de la pression des groupes armés qui pillent les troupeaux et du manque de fourrage. Le bétail est souvent regroupé sur des pâturages étroits, eux-mêmes à la source de conflits entre agropasteurs.