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Niger / Nigeria : deux jeunes refugiés rentrent à la maison

« C'était le 3 janvier 2015, vers 6 h du matin ». Adamu, 16 ans, se souvient comme si c'était hier du jour où il a perdu tout contact avec sa famille. « La ville de Baga était attaquée, c'était la panique générale. On entendait des détonations et des tirs, les gens couraient partout. Etourdi, j'ai fui dans la brousse avec d'autres personnes. Les jours qui ont suivi, j'ai cherché ma famille dans le groupe de rescapés, sans succès. Je me sentais seul au monde, complètement déboussolé. Je n'ai trouvé qu'un de nos anciens voisins qui m'a amené avec lui au camp de Sayam Forage, de l'autre côté de la frontière au Niger ».


Aujourd'hui pourtant, Adamu affiche un large sourire : avec Souleyman, un autre adolescent nigérian, il va finalement retrouver sa famille après plus d'une année d'angoisse et de séparation. « Tous ces mois sans savoir où se trouvaient mes parents et mes frères ont été très difficiles. Malgré les paroles encourageantes de mon tuteur, vu la violence dans laquelle nous nous sommes séparés, je ne pouvais pas m'empêcher de craindre le pire ».


L'inaccessibilité de certaines localités et les déplacements fréquents des populations à cause des attaques dans cette région du Lac Tchad n'ont pas facilité les recherches de la famille d'Adamu. Les équipes de la Croix-Rouge du Nigeria en charge des activités de rétablissement des liens familiaux ont visité une multitude de sites de déplacés avant de localiser ses parent près de la ville de Maiduguri.


« Il y a quelques semaines, un volontaire de la Croix-Rouge est venu me dire qu'on avait retrouvé mes parents : j'étais fou de joie ! En écoutant le message Croix-Rouge envoyé par ma grande sœur, j'ai eu l'impression d'avoir ma famille devant moi. Et quand le réseau téléphonique s'est amélioré, j'ai même pu leur parler ! Aujourd'hui, je n'attends qu'une chose : les revoir ».


Souleyman partage également sa joie : après deux ans de séparation, le jeune de 15 ans va retrouver son père. Originaire de Damassak au Nigeria, Souleyman avait quitté la ville à l'annonce d'une attaque : «Ma mère m'avait dit de partir avec d'autres garçons. Je ne voulais pas la laisser seule, mais elle avait insisté ». Le 21 novembre 2014, au lendemain de son départ, la ville a effectivement été attaquée par des hommes armés. Parmi les victimes des combats se trouvait la mère de Souleyman.


« J'ai appris le décès de ma mère par des personnes qui avaient réussi à fuir la ville assiégée. Je voulais retrouver mon père, mais je n'avais plus de nouvelles depuis son départ pour Maiduguri après son divorce ». Les mois passent, et Souleyman arrive finalement à Diffa au Niger, où il est placé avec d'autres enfants non accompagnés dans une famille d'accueil.


Après des recherches à Maiduguri et dans les environs, l'oncle de l'enfant, puis son père sont localisés par la Croix-Rouge du Nigeria en mai 2016. La gorge serrée par l'émotion, Souleyman se souvient du premier contact téléphonique : «C'était la première fois que j'entendais la voix de mon père depuis plusieurs années. Depuis cet échange, je sais que je ne suis plus seul ».


Le CICR et la Croix-Rouge du Nigeria ont facilité les contacts entre Souleyman et son père, le temps que le jeune garçon finisse l'année scolaire. « L'école, c'est très important pour moi. Je voulais vraiment finir l'année scolaire, même si cela retardait mon retour auprès de mon père. »