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Nigéria : soins de santé

Les personnes qui fuient la violence, et sont sur la route, ont peu de chances d'avoir accès à des soins de santé. Les femmes enceintes ont dû accoucher dans des conditions très difficiles, obligées quelquefois d'abandonner leurs nouveau-nés pour sauver leurs propres vies. Les chirurgiens ont dû traiter des blessures qu'ils n'ont pas l'habitude de soigner ; des blessures provenant de l'effet de souffle de l'explosion d'une bombe, par exemple.

La plupart des hommes ont fui. Enceinte, Natisa Mohammed, 29 ans, est restée sur place avec ses quatre enfants. « La violence était partout », dit Natisa songeant à son village de Gulak attaqué en septembre dernier. « J'ai survécu parce que j'étais enceinte. J'ai encore peur quand j'y pense. »

En février, la violence a repris, et Natisa et ses enfants furent contraints de partir. Sur la route, elle donna naissance prématurément à son cinquième enfant, un petit garçon. Un homme qui passait l'aida à accoucher et fit monter la famille dans un camion qui se rendait au centre de réfugiés de Yola.

Natisa gave birth to her baby boy in the bush while fleeing her home in Gulak, when the town was attacked in March 2015. She decided to call him Auwel, after the soldier who helped her to deliver the baby and saved their lives.

Natisa a donné naissance à son petit garçon dans la brousse, alors qu'elle fuyait sa ville, Gulak, attaquée en mars 2015. Elle a choisi de l'appeler Auwel, d'après le nom du soldat qui l'a aidée à accoucher et leur a sauvé la vie aux deux. CC BY-NC-ND / ICRC / Jesus Serrano Redondo

« Il y avait des tirs qui venaient de partout dans la région et des bombes furent larguées le jour où j'ai mis mon enfant au monde », dit Natisa. J'ai alors décidé d'appeler mon bébé Auwel, du nom de l'homme qui a sauvé la vie de mon bébé et la mienne. »

Aujourd'hui, Natisa explique qu'il lui faut des aliments de meilleure qualité, pour elle et ses enfants. Il n'y a pas de savon pour laver les vêtements des enfants, et il n'y a pas d'argent pour les visites chez le médecin. Malgré ces problèmes, Natisa se sent en sécurité dans le camp. « Nous vivons comme des frères et des sœurs, nous nous aidons mutuellement parce que nous sommes dans la même situation », ajoute-t-elle.

Natisa se languit de la vie qu'elle menait autrefois, lorsqu'elle vendait des produits de beauté et des bijoux chez elle pendant que ses enfants étaient à l'école. Mais son village a été détruit. « Je veux juste vivre comme avant », dit-elle.

A woman badly burned as a result of the fighting in north-east Nigeria cradles her child at Maiduguri Hospital, where the ICRC is providing medical supplies and giving additional training to staff.

Une femme, gravement brûlée suite aux combats dans le nord-est du Nigéria, nourrit son enfant à l'hôpital de Maiduguri. Cet hôpital est soutenu par le CICR, qui fournit du matériel médical et forme le personnel. CC BY-NC-ND / ICRC / Jesus Serrano Redondo

« Nous étions à l'église lorsque les hommes sont entrés. Ils tirèrent au hasard, tuant certains d'entre nous », dit Hafeesu Adamu, un habitant de Minchiga, Nigéria, qui a dû fuir. « Des femmes et des enfants sont morts en cours de route. Quelques femmes ont accouché en route, mais elles ont abandonné leur bébé dans la forêt. »

« Oui ! Dans la forêt ! » dit Oum Salma, un habitant de Mubi, Nigéria, contraint de fuir la violence. « J'ai aperçu une femme qui venait d'accoucher et abandonnait son bébé dans la forêt juste pour sauver sa vie. Il se peut que vous voyiez une femme qui vient d'accoucher et recouvre le bébé de feuilles dans la forêt, puis l'abandonne juste pour sauver sa vie. »

Interviews du CICR, Yola, Nigéria, mars 2015