Philippines : distribution de vivres aux paysans du Cotabato-Nord frappés par la sécheresse
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De mauvaises récoltes ont engendré une grave pénurie de nourriture dans la province du Cotabato-Nord, aux Philippines, où certaines zones sont en proie à un conflit. Le CICR et la Croix Rouge philippine ont distribué des vivres à près de 30 000 personnes dans deux des communautés les plus durement touchées.
La sécheresse est une conséquence d'« El Niño », qui relève d'un phénomène climatique complexe lié aux variations cycliques de la température des océans. Plus de 280 km2 de terres agricoles sont concernées et 12 000 familles d'agriculteurs ont perdu entre 70 et 100 % de leurs récoltes de riz, de maïs, de noix de coco ou de bananes.
Les familles qui vivent dans les villages des hautes terres souffrent de la faim depuis le mois d'octobre dernier. Elles sont forcées de manger des ignames sauvages, qui sont toxiques si elles ne sont pas préparées correctement.
CC BY-NC-ND / CICR / Lany dela Cruz
Efren Sipada, un habitant de Sundungan dans la municipalité de President Roxas, nous montre la batteuse collective utilisée pour le maïs. Elle est immobilisée dans l'entrepôt du village. « La dernière fois que nous l'avons utilisée, c'était il y a six mois », explique-t-il. « Nous avons planté avant Noël, mais la récolte a tout juste suffi à nous nourrir. » Auparavant, la région était connue comme le grenier agricole des Philippines, une réputation qui lui sied bien peu à présent. « Je suis impatient d'entendre à nouveau le bruit de cette machine », nous confie Efren.
CC BY-NC-ND / CICR / Lany dela Cruz
L'un des villages les plus durement touchés dans la région de President Roxas est celui de Datu Indah, sur les terres ancestrales de la tribu Manobo. Ici, les paysans dépendent entièrement de la pluie et des autres sources d'eau naturelles, comme les rivières, pour irriguer leurs champs. Le village est loin de tout et n'a reçu que peu d'aide.
Pour Arturo Beres, qui est agriculteur, la situation est sans précédent. « J'ai toujours vécu à Datu Indah et cette sécheresse est la pire que j'aie connue. Les rares légumes qui sont arrivés à maturité, comme les aubergines, sont immangeables parce qu'ils sont trop amers. Je suis désespéré car je n'arrive plus à nourrir ma famille. »
CC BY-NC-ND / CICR / Lany dela Cruz
Victime de la chaleur, Pablo Impit a fait un malaise alors qu'il ramassait du bois au mois de janvier. N'ayant pas les moyens de se procurer des médicaments, il est contraint de rester chez lui pendant que ses enfants cherchent du travail dans les villes de Davao et de Cotabato, à trois heures de route.
CC BY-NC-ND / CICR / Lany dela Cruz
Le CICR et la Croix-Rouge philippine ont distribué des vivres à près de 30 000 personnes à President Roxas et Magpet, deux municipalités frappées par la sécheresse dans la province du Cotabato-Nord.
Du riz, des sardines en boîte, de l'huile, de la sauce soja, du sucre, du sel et des articles d'hygiène de première nécessité ont été distribués aux familles.
« Mes enfants vont être si contents », s'exclame Marilyn Tampis, une habitante de Bato-Bato, alors qu'elle rassemble ses provisions. « Je suis pressée d'arriver à la maison et de leur montrer ce qu'il y a dans le sac. Je n'aurais jamais pensé que le CICR se déplacerait jusqu'ici pour nous aider ! »
CC BY-NC-ND / CICR / Lany dela Cruz
Rolio Sadio, de Baranguay Balite, et son fils de trois ans attendent leur tour pendant la distribution de nourriture.
« Tout mon maïs est mort sur pied », raconte Rolio, « mais j'ai réussi à garder un petit sac de graines à planter lorsque la pluie viendra. La nourriture que nous avons reçue du CICR nous est à tous d'une grande aide, car nous vivons dans l'une des communautés les plus reculées ».
Acheminer ces secours n'a pas été tâche facile, car les villages touchés se trouvent dans des régions isolées où les routes sont mauvaises. Quand la nourriture vient à manquer dans les communautés agricoles, la seule solution consiste à manger les graines qui avaient été mises de côté pour les semailles. Les vivres fournis par le CICR et la Croix-Rouge philippine devraient éviter aux villageois d'en arriver là. Grâce à l'aide d'urgence, les familles pourront aussi économiser pour financer les plantations de la saison prochaine.