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Protection des soins de santé : l’armée du Libéria donne l’exemple

Les forces armées du Libéria ont intégré depuis peu dans leur manuel d'instruction militaire une série de recommandations et de mesures concrètes visant à protéger les soins de santé. Elles montrent ainsi à d'autres armées du continent africain et d'ailleurs la voie à suivre pour trouver un meilleur équilibre entre questions de sécurité et considérations humanitaires.

Le fruit d'un processus international

Le chapitre 13 du « Manuel de formation au droit des conflits armés » des forces armées du Libéria, qui paraîtra officiellement au mois de novembre, traite des pratiques opérationnelles à mettre en œuvre pour protéger les soins de santé. Ces pratiques devraient contribuer à garantir la neutralité des structures de santé, le respect des principes déontologiques des professionnels de la santé et le passage sans entrave des ambulances aux postes de contrôle. Elles devraient en outre contribuer à ce que l'impact des opérations militaires sur les services de santé soit dûment pris en compte et permettre une meilleure coordination entre le personnel médical militaire et civil.

L'inclusion dans le manuel des forces armées du libériennes d'un chapitre spécialement consacré aux pratiques militaires destinées à protéger les soins de santé est le fruit d'une collaboration permanente entre l'armée du Libéria et le CICR.

Le chapitre en question a été élaboré d'après les résultats de l'atelier international intitulé « Military practice and the protection of health care » (pratiques militaires et protection des soins de santé), auquel ont pris part des experts militaires du monde entier à Sydney (Australie), en décembre 2013, dans le cadre du projet « Les soins de santé en danger ».

Les recommandations et les mesures concrètes énoncées à l'intention du personnel militaire à l'issue de cet atelier ont été examinées et adaptées à la situation du Libéria et aux besoins de son armée lors d'un autre atelier organisé en collaboration avec le CICR les 27 et 28 mai 2015.

L'avis des soldats sur ce processus

Capitaine Steven Tarplah, responsable des affaires publiques au sein des forces armées du Libéria : « Je me félicite de cet atelier, car si je commets une erreur durant un conflit armé, je dois en assumer la responsabilité. Je suis désormais mieux paré pour remplir mon rôle. Je sais comment interagir avec les professionnels de la santé. La protection des structures de santé, des personnels de santé, des patients et des visiteurs est en effet un élément essentiel dans les opérations militaires, car notre but n'est pas de causer des préjudices, mais au contraire de remédier à des problèmes [de sécurité]. »

Capitaine Golafale, 23e brigade d'infanterie (opération G-3) des forces armées du Libéria : « Nous avons discuté des comportements des soldats qui peuvent entraîner des risques considérables pour les personnels de santé durant les opérations militaires. Il faut que les soldats aient conscience que lorsqu'ils mènent des opérations militaires, ils sont responsables de la sécurité des personnels de santé et des patients qui sont sous leur garde, ainsi que de celle de la population civile. C'est là un élément important car les opérations militaires vont de pair avec les soins de santé. Lorsque nous menons des opérations, nous avons besoin du personnel de santé [et devons le protéger], car nos opérations peuvent faire des blessés, non seulement dans nos rangs, mais aussi au sein de la population civile. »

Caporal Caroline K. Doe, commandement logistique des forces armées du Libéria : « Je me réjouis de cette rencontre, qui nous aidera à faire la part des choses entre ce qui est bien et ce qui ne l'est pas durant les combats. En tant que membres des forces armées du Libéria et soldats professionnels, il importe que nous sachions comment protéger les civils et que nous respections les emblèmes du corps médical pendant les conflits armés. »

Pourquoi l'exemple du Libéria devrait inspirer d'autres armées

D'après diverses études menées par le CICR, les forces armées sont souvent responsables d'incidents qui entravent l'accès des blessés et des malades aux services médicaux ou empêchent la fourniture des soins de santé dans des conditions sûres, impartiales et efficaces en période de conflit ou dans d'autres situations d'urgence. Or, ces incidents peuvent avoir des répercussions non négligeables sur la capacité du système de santé de répondre aux besoins de la population quand ceux-ci sont les plus aigus.

Le risque d'incident est particulièrement important lorsque les forces armées procèdent à des fouilles dans des structures de santé, lorsqu'elles sont en faction aux postes de contrôle et lorsqu'elles mènent des opérations militaires à proximité d'établissements de santé. Afin de limiter l'impact de ces opérations sur l'accès aux soins de santé et sur leur fourniture, les forces armées peuvent recourir aux mesures de précaution et de prévention qui ont été définies par les experts militaires en collaboration avec des professionnels de la santé et de l'humanitaire et qui sont répertoriées dans l'ouvrage « Promouvoir des pratiques militaires qui favorisent des soins de santé plus sûrs », publié dans le cadre du projet « Les soins de santé en danger ».

Les armées nationales désireuses d'intégrer ces recommandations dans leurs manuels d'instruction et leur pratique opérationnelle peuvent prendre contact avec la délégation du CICR dans leur pays ou avec les responsables du projet « Les soins de santé en danger ».

Le projet « Les soins de santé en danger »

« Les soins de santé en danger » est un projet du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui vise à rendre plus sûr l'accès aux soins de santé et leur fourniture dans les situations de conflit et autres situations d'urgence. Il appelle à respecter les personnels de santé, les structures médicales
et les moyens de transport sanitaire et met en avant toute une série de recommandations et de mesures concrètes pour protéger les soins de santé.

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