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RDCongo : Kinshasa entre COVID-19 et pénurie d’eau

Arlette, veuve et mère de trois enfants, se bat chaque jour pour trouver de l'eau. Dans son quartier de Kinshasa, son quotidien est marqué par l'insécurité, la pauvreté et l'absence d'un réseau de distribution d'eau potable.

En pleine pandémie de Covid-19, les résidents de certains quartiers de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) doivent braver l'insécurité pour se ravitailler en eau potable. En cause, l'absence de réseau public de distribution d'eau.

Arlette, 27 ans, est veuve et mère de trois enfants. Elle se réveille tous les jours à 4 heures du matin pour être parmi les premiers à atteindre un point d'eau éloigné de son domicile. Elle emprunte les avenues sablonneuses de ce coin reculé de la ville, avant les premières lueurs du jour. Mais jamais seule. « Nous y allons en groupe de trois ou quatre personnes parce que nous ne sommes pas à l'abri d'une mauvaise rencontre », indique-t-elle. Sur ces routes, les agressions sont fréquentes.

Chez elle comme chez ses voisins, pas de robinets, pas d'évier ou de salle de bain. Située après l'aéroport international de Kinshasa, à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, cette partie de la capitale se compose de plusieurs quartiers qui abritent la population relocalisée ici après les terribles inondations qui ont eu lieu dans les années 1990.

Développement anarchique et pauvreté

En sillonnant les rues, on est autant frappé par le développement anarchique que par le nombre impressionnant de maisons inachevées. Les habitants puisent l'eau dans les rivières, le fleuve Congo, des puits non protégés contre les eaux pluviales ou encore achètent de l'eau à des particuliers propriétaires de forages.

« Chaque jour, il me faut 6 bidons de 25 litres pour la cuisine, la vaisselle, la lessive et la toilette », précise Arlette. « Cela me coûte 600 francs congolais (40 centimes d'euros) et sans salaire, ce n'est pas donné. »

En raison de la pandémie de Covid-19, la demande est plus forte qu'à l'habitude et les points de vente d'eau connaissent une fréquentation accrue. Obligation donc de faire la queue et d'attendre son tour, quelquefois pendant plusieurs heures. Mais le plus dur reste le trajet de retour.

« Il y a du sable partout, marcher avec des bidons sur la tête est pénible », regrette Arlette. « Je n'ai jamais autant souffert. »

C'est avec l'argent de son petit commerce qu'elle arrive à s'acheter quotidiennement de l'eau. Elle a ouvert une friperie au marché depuis la mort de son mari en octobre 2019. En ces temps de pandémie, elle doit faire du porte-à-porte pour écouler sa marchandise.

Arlette est obligée de recycler l'eau plusieurs fois. « Là par exemple, je viens de laver mon fils de huit ans et j'utilise la même eau pour nettoyer ma véranda », explique-t-elle. Et quand l'eau devient vraiment sale, elle sert aux toilettes.

Difficile prévention des maladies

Cette pénurie d'eau rend les habitants de ces quartiers encore plus à risque en ces temps de Covid-19. Se laver régulièrement les mains comme l'exige les mesures barrières est parfois impossible et lorsqu'elle est consommée, l'eau devient dangereuse. « Il y a beaucoup de commerçants et de voyageurs ici. Lorsque ces gens ne trouvent pas d'eau potable, ils boivent n'importe quoi. Voilà pourquoi beaucoup ici souffrent du choléra », affirme Hugues, 40 ans, menuisier du quartier des pécheurs, au bord du fleuve Congo.

Les travaux de rénovation de certains points d'eau dans les quartiers Est de Kinshasa ont été financés et supervisés par le CICR. Jonathan Busasi/CICR

Pour limiter la propagation des maladies hydriques et de la pandémie de COVID-19 dans ces quartiers, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vient de financer et de superviser des travaux d'adduction d'eau. La majorité d'entre elles en panne, les pompes manuelles des forages de l'Office national d'hydraulique rurale ont été remplacées par des électropompes alimentées par générateur. Depuis le mois d'août dernier, Arlette et plus de 20 000 habitants des quartiers de l'Est de Kinshasa ont désormais accès à de l'eau potable.