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République centrafricaine : émouvantes retrouvailles entre tristesse et joie

En mars 2014 à Bambari, Nourachem et Messie avaient respectivement 6 et 3 ans lorsque la crise les sépare de leurs parents. Sandrine, leur mère, fuit le conflit pour rejoindre le Cameroun alors que les enfants prennent une tout autre direction avec Ibrahim, leur père.

Mais leur malheur ne s'arrête pas là. Peu de temps après, ils perdent aussi de vue leur père. Pendant des mois, ils vont errer dans les rues des villages entre Bambari et la périphérie de Bangui. C'est donc dans cette errance qu'ils croisent un ami de leur père qui les recueille puis les ramènent à Bambari où vit leur grand-mère maternelle, Alphonsine.

Moment d'échange entre frère et sœur, Nourachem et Messie, dans la cour familiale de leur grand-mère à Bambari. Bertrand Bouba / CICR

Une grand-mère dévouée...

À 70 ans, Alphonsine est cultivatrice et vend aussi du vin de palme. Malgré son âge déjà avancé, elle se bat au quotidien pour assurer un meilleur cadre de vie pour ses petits-enfants. D'ailleurs, elle met tout en œuvre pour qu'ils retrouvent le chemin de l'école.

« C'est important pour moi que mes petits-enfants puissent avoir une bonne éducation et un avenir radieux, mais cela demande des moyens que je n'ai pas. Je n'ai d'autres choix que de les faire travailler au champ dans leur temps libre pour pouvoir supporter leur charge »

Entre l'école, le champ et la maison, Nourachem et Messie se construisent une petite vie auprès de leur grand-mère.

Alphonsine, âgée de 70 ans et grand-mère de Nourachem et Messie, se bat pour assurer un cadre de vie acceptable à ses petits-enfants. Bertrand Bouba / CICR

Une mère sans nouvelles de ses enfants

Au Cameroun où elle vit désormais, Sandrine – la mère des enfants – n'a aucune nouvelle d'eux. Pendant de nombreuses années, toutes ses tentatives de les retrouver sont restées sans succès. Ce n'est qu'en juillet 2021 qu'elle croise un commerçant de Bambari qui l'informe que ses garçons sont chez leur grand-mère. C'était inespéré !

Sandrine approche alors les services de la Protection des liens familiaux du CICR au Cameroun pour ouvrir une demande de recherche pour ses enfants.

En août 2021, grâce au travail du bureau du CICR à Bangui et des volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine, Nourachem et Messie sont localisés, enregistrés et suivis comme enfants séparés vulnérables. Leur mère sollicite rapidement une réunification que le CICR est prêt à faciliter et qui, retardée par les mesures restrictives liées au COVID 19, s'effectue enfin le 30 novembre 2021 au Cameroun.

Une famille enfin réunie

À l'annonce de leur réunification avec leur mère au Cameroun, la réaction des enfants est mitigée. Ils étaient heureux de retrouver leur mère, mais étaient aussi tristes à l'idée de devoir quitter leur grand-mère.

D'Alphonsine, Nourachem garde à l'esprit l'image de la courageuse grand-mère qui s'est occupée d'eux pendant de longues années.

« Je demande à Dieu de protéger ma grand-mère pour que moi aussi un jour je puisse m'occuper d'elle. On l'appellera de temps en temps pour garder le contact », confie-t-elle.

Dans les yeux d'Alphonsine se lit un mélange de tristesse et d'espoir.

« Je demande à leur maman de bien s'occuper d'eux, là où elle se trouve à l'étranger en veillant à leur éducation comme je l'ai fait ici ».

Le service de protection des liens familiaux (PLF) du CICR est une activité au cœur de la réponse humanitaire du CICR en RCA. Il aide les personnes séparées de leurs familles en raison du conflit ou de la violence à rechercher leurs proches. Le CICR, en étroite collaboration avec la Croix-Rouge centrafricaine (CRCA), mène les recherches et dans le cas de localisation, rétablit le contact familial. Pour des personnes vulnérables, mineures et adultes, des réunifications familiales peuvent être organisées quand cela est possible.

Au cours de l'année 2021, 5 mineurs ont pu être réunifiés avec leur famille en RCA ou dans un pays limitrophe, ainsi que 86 contacts rétablis entre membres de famille séparés en raison du conflit ou autre violence.

Si vous avez perdu le contact avec un membre de votre famille en lien avec le conflit armé ou autre violence, rendez-vous au bureau de la CRCA ou du CICR le plus proche.

CRCA, siège à Bangui
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