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République centrafricaine : pour Sophie, remarcher symbolise un nouvel espoir !

Durant huit ans, Sophie a dû dépendre de deux béquilles pour pouvoir marcher. Mère célibataire de deux enfants, elle vivait une vie paisible avec ses parents et ses frères dans son village à Bouar jusqu'à ce qu'un événement tragique vienne bouleverser sa vie.

Tout a basculé pour elle au cours de l'année 2013. Un jour, elle et sa famille sont réveillés par des crépitements d'armes. Leur village vient d'être pris d'assaut par des hommes armés. Ces derniers, ayant découvert leur cachette, n'hésitent pas à ouvrir le feu sur eux. Sophie reçoit des balles dans sa jambe droite et perd son frère pendant l'attaque.

Ce fût une énorme douleur physique mais aussi un choc psychologique pour Sophie. Elle qui était si vive et qui cultivait la terre pour s'occuper de sa famille ne parvenait plus à répondre aux besoins de celle-ci en raison de son handicap. Ses rêves de faire fructifier ses activités agricoles s'étaient envolés. Sans moyens financiers, elle a dû se résigner à son destin.

« Si j'avais eu les moyens de me procurer une prothèse pour me tenir à nouveau débout sur mes deux jambes, je l'aurais fait depuis longtemps ! », affirme-t-elle.

Faute de moyens et d'accès aux soins adéquats, elle n'a pas pu être prise en charge à temps. Atteinte de nécrose, sa jambe droite a dû être amputée.

« Si on ne me coupait pas cette jambe, j'allais mourir car je n'avais pas pu voir des spécialistes à temps», se souvient Sophie.

L'opération a drastiquement réduit la mobilité et la productivité de Sophie. « Je n'arrivais plus à répondre à tous les besoins de ma famille », confie-t-elle.

Sophie, chez elle, s'appuyant sur ses deux béquilles. Oualid Abid / CICR

Aujourd'hui, elle peut remarcher sans ses béquilles grâce au soutien du Comité international de la Croix-Rouge qui l'a enrôlée dans son programme de réhabilitation physique pour les personnes ayant perdu leurs membres à cause du conflit ou de la violence.

« Je ne dépends plus totalement de mes béquilles, je peux maintenant vaquer à mes occupations quotidiennes à la maison, transporter moi-même mes petites récoltes au retour du champ » raconte Sophie, toute souriante.

Sophie, transportant ses récoltes au retour du champ. Jean Noel Moundo / CICR

A la maison, Sophie peut désormais porter sa petite fille sur son dos, se balader avec elle, balayer la cour et mener pleinement d'autres activités qu'elle avait cessées de faire.

« Il est vrai que je ne suis pas encore très productive comme avant mon accident et que je n'ai pas encore retrouvé totalement ma vie d'avant, mais je suis très heureuse. Durant huit ans, je ne pouvais pas faire ce que je fais maintenant. Ma famille et moi nous sommes très contents et je suis certaine que les choses vont aller mieux », conclut-elle.

Grâce à sa prothèse, Sophie reprend petit à petit une vie normale. Jean-Noel Moundo / CICR

Soins de rééducation physique et intégration socioéconomique vont de pair

A travers l'association des handicapés de Bouar dont Sophie fait partie, le programme de réhabilitation physique du CICR apporte un soutien aux patients amputés à cause du conflit et de la violence.

Les patients sont envoyés à Bangui où, en collaboration avec l'Association nationale de rééducation et d'appareillage de Centrafrique (ANRAC), ils reçoivent des béquilles et des prothèses afin de retrouver une mobilité suffisante.

Pour faciliter leur intégration socioéconomique, le CICR les aide également à mettre en place une activité génératrice de revenus. Dans ce cadre, Sophie reçoit une formation dans la fabrication de savon. Ceci lui permettra de développer un jour son propre commerce et de subvenir aux besoins de sa famille.