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Rwanda : des étudiants en droit rivalisent dans un concours de plaidoiries destiné à promouvoir le droit humanitaire

« Les violations du droit international humanitaire commises à l'époque du génocide au Rwanda en 1994 ne doivent jamais se reproduire ».

C'est en ces termes que s'est exprimé le professeur Sam Rugege, président de la Cour suprême du Rwanda, lors de l'ouverture officielle du premier concours de plaidoiries en droit international humanitaire (DIH) organisé au Rwanda, dans le cadre d'un programme du CICR visant à promouvoir cette branche du droit dans le pays. « Plus on parlera de droit international humanitaire, plus la population y sera sensibilisée. Au Rwanda, nous avons de bonnes raisons de faire connaître ce droit et d'y former les gens, afin que nous n'ayons plus jamais à revivre ce que nous avons vécu ici il y a 22 ans », a-t-il martelé.

Le concours s'est déroulé à Kigali les 5 et 6 octobre derniers. Il a opposé quatre équipes constituée chacune de trois étudiants en droit issus des établissements suivants : l'Université nationale du Rwanda, l'Institut d'enseignement supérieur de Ruhengeri, l'Institut universitaire adventiste de Kigali et l'Université libre de Kigali. La compétition s'est déroulée sous la forme d'une simulation de jugement pour crimes de guerre, au cours de laquelle les différentes équipes se sont tour à tour retrouvées dans le rôle de l'accusation et de la défense.

C'est finalement l'équipe de l'Université libre de Kigali qui l'a emporté. Karisti Ndahayo, un des membres de l'équipe a déclaré : « Pour le juriste en herbe que je suis, ce concours a été d'une aide vraiment précieuse, tant en termes de préparation d'un procès que de plaidoyers. Les commentaires des juges se sont aussi révélés incroyablement utiles. »

« Une expérience transformatrice »

Phionah Ishimwe, de l'Université nationale du Rwanda et dont l'équipe s'est classée en deuxième position, a trouvé la compétition « enrichissante et complètement différente des cours pratiques de la faculté ». « Ce concours a été une expérience véritablement transformatrice, pour moi. C'était comme une vraie affaire de crime de guerre, et cela m'a incitée à penser différemment et à m'informer plus en profondeur sur le DIH », a-t-elle ajouté.

Florida Kabasinga, une juriste qui exerce aujourd'hui à titre privé après avoir été collaboratrice du procureur du tribunal pénal international pour le Rwanda, jouait pour l'occasion le rôle de juge. Elle a reconnu l'importance de ce genre de compétition dans la promotion du DIH. « C'est aussi, pour les étudiants, l'occasion de tester leurs connaissances et leurs compétences. Quant à moi, des expériences comme celle-ci constituent un plus dans mon parcours professionnel et me donnent des clés qui m'aident à mieux m'acquitter de mes responsabilités », a reconnu cette juriste rwandaise, qui avait elle-même participé à un concours similaire à l'époque où elle était étudiante.

De son côté, le chef de la délégation du CICR à Kigali, Pascal Cuttat, a réitéré la détermination de l'institution à soutenir d'autres initiatives comme celles-ci, soulignant que le CICR continuerait à collaborer étroitement avec le gouvernement rwandais et divers partenaires en vue de l'intégration du DIH dans la législation nationale et de sa promotion à tous les niveaux.




L'équipe gagnante de l'Université libre de Kigali pose avec son trophée