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Somalie : les centres de nutrition submergés par les cas de malnutrition

Osman, quatre ans, est arrivé au centre de stabilisation nutritionnelle de Kismayo en début d'année. Atteint du kwashiorkor, un trouble nutritionnel causé par le manque de protéines, il a développé un eczéma sur tout le corps. Sa peau semble couverte de rouille.

La famille d'Osman vit dans une zone sujette aux inondations le long du fleuve Juba, où les problèmes de sécurité alimentaire sont courants. Heureusement, le petit a bien réagi au traitement prodigué par le centre de stabilisation et devrait se rétablir complètement.

Osman n'est que l'un des 300 000 enfants qui souffrent de malnutrition en Somalie, dont près de 60 000 âgés de moins de cinq ans se trouvent dans un état critique et ont besoin d'une alimentation thérapeutique d'urgence. Kismayo, une ville portuaire du sud du pays, abrite le seul centre de nutrition de la région. Il est actuellement submergé par le nombre d'enfants ayant besoin de son programme d'alimentation thérapeutique.

Le centre de stabilisation de Kismayo a connu un afflux de cas de malnutrition, traitant parfois jusqu'à 150 enfants dans son établissement de 90 lits. Rien qu'en janvier et février, 386 enfants ont été pris en charge, ce qui a forcé Bashir Mohamed, le superviseur général du centre, à convertir une partie des bureaux en salles de soins.

« Nous avons commencé par convertir l'unité d'isolement en unité de soins normale, puis nous avons dû faire de la place dans certains bureaux pour faire face à l'augmentation des admissions », a-t-il expliqué. « Les enfants sont en plus accompagnés par leurs parents ou des aidants qui resteront avec eux pendant toute la durée du traitement. »

Le CICR a commencé à soutenir le centre de stabilisation de Kismayo en 2014, puis un autre à Baidoa, dans la région de Bay, qui a ouvert en mai 2015. Trois centres similaires ont cependant fermé dans la région au cours des dernières années, ce qui a entraîné une hausse du nombre de patients dans les autres centres.

Tout comme Osman, Abdi Ibrahim a été diagnostiqué avec le kwashiorkor au centre de stabilisation. Cet enfant de deux ans souffre également d'anémie et d'un manque d'appétit. Il doit par conséquent être alimenté par voie nasale.

Abdi Ibrahim, deux ans, a le côté droit du visage recouvert de pansements qui maintiennent en place le tube nasogastrique servant à le nourrir. CC BY NC ND / CICR / Abdikarim Mohamed

Abdi est en fait en surpoids à cause d'un œdème, un état qui se caractérise par un gonflement du corps dû à la rétention d'eau, ce qui aggrave encore son cas. Il pesait sept kilos à son arrivée au centre de stabilisation, soit un kilo de trop, mais les infirmières tablent sur une prompte diminution de son poids.

Abdi est l'un des huit enfants ayant parcouru 90 kilomètres avec leur mère depuis le district de Kanjaron pour recevoir un traitement au centre. La famille mène une vie nomade et sa subsistance dépend de l'élevage. Or les sécheresses récurrentes qui ont frappé la région du Bas Juba l'ont forcée à adopter un régime alimentaire à base de maïs et d'eau pour survivre.

Timiro, deux ans, souffrait de malnutrition sévère et était atteinte de la tuberculose quand elle est arrivée au centre de stabilisation de Kismayo. C'est sa sœur de 13 ans qui veille sur elle, car sa mère doit s'occuper de leurs sept frères et sœurs dans l'un des 42 camps pour personnes déplacées qui se trouvent aux alentours de la ville.

Timiro se remet lentement et prend du poids grâce au programme d'alimentation thérapeutique. Elle devrait pouvoir sortir bientôt.

Selon un rapport de synthèse de 2016 relatif aux besoins humanitaires, les taux de malnutrition aiguë dans les structures d'accueil de personnes déplacées, comme celle où vit la famille de Timiro, dépassent souvent le seuil d'urgence de 15 %.

C'est la raison pour laquelle ces centres de stabilisation nutritionnelle sont nécessaires. Lorsque les enfants quittent l'établissement, leurs aidants reçoivent des conseils nutritionnels et des compléments nutritifs, notamment une pâte à base d'arachide appelée Plumpy'nut, pour les aider à rester en bonne santé.

Les familles reçoivent des semences et une formation à la culture de tomates, de haricots et de carottes dans le but de maintenir une alimentation adéquate. Le CICR fournit également aux mères 300 dollars US d'aide en espèces afin de leur permettre de compenser la perte de revenu pour la période du traitement. Les frais de transport jusqu'au centre sont pris en charge, de même que ceux de retour à la maison.
L'an dernier, ces deux centres ont traité plus de 3 000 cas d'enfants souffrant de malnutrition sévère. Face à la progression de la malnutrition, les centres de nutrition jouent un rôle essentiel pour la santé et le bien-être des enfants.