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Une feuille de route pour protéger les services de santé

Les soins de santé en danger, bulletin d'information - mars 2016

Les nouvelles qui proviennent des zones de conflit sont explicites : des hôpitaux bombardés, des médecins attaqués et des centres de soins pris d'assaut par des combattants à la recherche de membres blessés ou malades des factions opposées. Cette violence contre les services de soin est de nature à porter atteinte au principe fondamental des Conventions de Genève, à savoir qu'il doit y avoir une certaine humanité dans la guerre. Dans ces circonstances, la résolution 4 sur la protection de la fourniture des soins de santé, adoptée à la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, arrive de fait à point nommé. Elle constitue un pas en avant pour deux raisons :

1) Nous devons agir, exprimer notre préoccupation ne suffit pas

Personne ne peut nier que ces attaques sont préoccupantes, et les appels à protéger les services médicaux ne manquent pas. Mais ce qu'il nous faut véritablement, ce sont des mesures concrètes. La résolution 4 reconnaît cette nécessité : elle souligne les conséquences dévastatrices de cette violence sur le court et le long terme et, surtout, définit une feuille de route claire en vue de protéger les services de santé. Donnant suite aux recommandations issues du processus mondial de consultation tenu dans le cadre de l'initiative « Les soins de santé en danger », la résolution 4 appelle à prendre diverses mesures, parmi lesquelles : adopter des lois nationales ou modifier les législations existantes, tenir compte de la protection des services de santé dans la conduite des opérations militaires et de police, se former une meilleure compréhension de la violence qui touche la fourniture des soins de santé, veiller à ce que les personnels de santé comprennent leurs obligations juridiques et éthiques, rendre les établissements de santé plus sûrs et améliorer la gestion des risques et la sécurité globale des services ambulanciers et des services médicaux d'urgence, notamment ceux des Sociétés nationales. En outre, la résolution appelle les États à mener sans délai des enquêtes approfondies sur les attaques contre des personnels de santé et des structures médicales afin d'empêcher de futurs actes de violence, de garantir que les coupables soient tenus comptables de leurs actes et de répondre aux demandes des victimes

Cisjordanie, Ramallah. Un volontaire du Croissant-Rouge palestinien prodigue les premiers soins à un palestinien blessé.CC BY-NC-ND/ICRC/A.Atta

2) La coopération est importante

La résolution 4 souligne aussi l'importance de la coopération pour apporter des solutions aux facteurs sous-jacents de ces attaques et empêcher que celles-ci se produisent. Elle appelle les États, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la communauté des soins de santé et les autres acteurs à coopérer en vue de mettre en œuvre des mesures pratiques adaptées aux contextes locaux et conçues pour prévenir et éradiquer la violence contre les patients, les personnels de santé, les structures médicales et les véhicules sanitaires. Plus spécifiquement, elle appelle le Mouvement à continuer de soutenir et de renforcer les capacités des prestataires de soins locaux, en gardant à l'esprit qu'ils sont souvent les plus touchés par la violence et qu'ils nécessitent à ce titre une attention spécifique.

Suivre la feuille de route

L'action et la coopération sont le pivot de l'approche suivie par l'initiative « Les soins de santé en danger » du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Dans le cadre de l'initiative, des efforts sont déployés pour créer des espaces (« communautés d'action ») où les prestataires de soins, les associations professionnelles, les organisations internationales et régionales, la société civile et les chefs religieux et communautaires peuvent se rencontrer pour échanger leurs bonnes pratiques, leurs approches et les enseignements qu'ils ont tirés, et même examiner et planifier une action concertée. Des progrès ont déjà été enregistrés, par exemple avec la création de communautés d'action autour de l'objectif consistant à rendre les structures de soins plus sûres, à élaborer des protocoles internes de gestion des risques et à améliorer la sécurité globale pour les services ambulanciers et préhospitaliers des Sociétés nationales.

 Alexander Breitegger, CICR

La résolution 4 intitulée « Les soins de santé en danger – Continuer ensemble à protéger la fourniture des soins de santé » mentionne spécifiquement les recommandations issues du processus mondial de consultation tenu dans le cadre de l'initiative « Les soins de santé en danger ». Les consultations se sont tenues entre 2012 et 2014 et ont réuni des spécialistes et des organisations du domaine de la santé. Les participants ont abordé les thèmes suivants : législations internes ; procédures et pratiques des forces armées et de sécurité étatiques ; procédures et pratiques des groupes armés ; responsabilités juridiques et éthiques des travailleurs de la santé ; sécurité et sûreté dans les établissements de santé ; gestion des risques et sécurité globale pour les services ambulanciers et les services médicaux d'urgence ; rôle des Sociétés nationales ; et rôle des chefs religieux et de la société civile.

Pour en savoir plus:

Voir aussi:
« En faisons-nous assez pour protéger les services de santé ? » Ali Naraghi, CICR
« Cinq messages à retenir des commissions sur les soins de santé en danger », par l'Ambassadeur Seleka, République sud-africaine
« S'engager à rendre les hôpitaux plus sûrs », par Eric de Roodenbeke, FIH