Article

Les opérations de secours de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au Yémen

Aucun aspect de la vie n'a été épargné au Yémen. La mort et les déplacements de personnes font maintenant partie du quotidien. Les importations alimentaires ont chuté à un niveau dramatiquement bas ; des services municipaux essentiels, y compris l'alimentation en eau et en électricité, sont interrompus, et les services médicaux sont gravement perturbés. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Mouvement) travaille sans relâche pour répondre aux besoins humanitaires urgents de la population.

Une réponse coordonnée du Mouvement à la crise

Les membres du Mouvement collaborent pour faire face à la crise humanitaire au Yémen.

Avec un effectif de 250 collaborateurs dans le pays, le CICR dirige et coordonne la réponse du Mouvement sur le terrain, en travaillant souvent main dans la main avec la Société du Croissant-Rouge du Yémen et en lui apportant un soutien substantiel.

Parallèlement, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale), avec le concours financier du CICR, continue à soutenir cette Société nationale et à renforcer ses capacités de différentes façons, au travers de son Plan de développement du Yémen et de ses représentants sur le terrain. Elle continue aussi à lever des fonds afin de répondre aux besoins humanitaires de plus en plus pressants de la population yéménite.

D'autres Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge contribuent également à cette action conjointe en apportant un généreux soutien financier et en nature à la Société du Croissant-Rouge du Yémen et au CICR, ainsi qu'en détachant des spécialistes sur le terrain par le biais du CICR. Enfin, des Sociétés nationales fournissent des services médicaux ou autres aux Yéménites qui ont fui le conflit et trouvé refuge dans leurs pays respectifs, par exemple en les aidant à rétablir le contact avec leurs familles.

La situation humanitaire

En moyenne, 30 personnes sont tuées et 180 sont blessées chaque jour au Yémen.[1] Lors de la visite qu'il a effectuée dans le pays en août afin de se rendre compte par lui-même de la situation humanitaire, le président du CICR, Peter Maurer, a jugé qu'elle était « pour le moins catastrophique ».

Les combats intenses au sol, aggravés par les frappes aériennes incessantes et les bombardements aveugles dans plusieurs gouvernorats, notamment ceux de Taïz, Ibb, Al-Dhale et Marib, ont fait de nombreuses victimes et déclenché d'importantes vagues de déplacements (on compte actuellement 1,4 million de personnes déplacées).

Dans un certain nombre de régions, comme dans le gouvernorat de Taïz, les violences armées ont mis à rude épreuve les quelques hôpitaux encore en service et ont rendu extrêmement difficile la fourniture d'un matériel médical et chirurgical d'importance vitale. Des infrastructures essentielles telles que les ports maritimes, les aéroports et les établissements de santé ont également subi des dommages considérables.

Au cours du mois d'août, la situation sanitaire générale du pays s'est encore dégradée, en raison du nombre toujours plus grand d'établissements de santé endommagés (selon le ministère de la Santé publique et de la Population, 23 % de ces établissements ont été détruits à ce jour).

Les zones les plus touchées souffrent d'une grave pénurie de matériel médical et chirurgical, et les affrontements armés incessants entravent sérieusement l'accès aux services de soins de santé.

La récupération des corps continue également à poser un problème important, dans la mesure où ils souvent abandonnés pendant plusieurs jours dans les rues où les combats font rage, ce qui complique ensuite le processus d'identification. Les maladies transmissibles, telles que la dengue, atteignent un niveau record dans le gouvernorat de Taïz, où elles touchent plus de 17 500 personnes selon les chiffres communiqués par le gouvernement. De même, le paludisme et la diarrhée continuent à se propager dans le gouvernorat de Saada.

La sécurité d'accès pour les personnels médicaux et les secouristes reste un défi majeur. Les employés et les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont de plus en plus souvent obligés de prendre des risques considérables et de mettre leur vie en danger pour mener à bien leur mission. Suite à l'attaque perpétrée contre ses bureaux d'Aden le 24 août, le CICR a dû suspendre temporairement ses activités dans cette ville. Le Croissant-Rouge du Yémen a également dû fermer ses bureaux à Taïz après les attaques répétées et le pillage qu'ont subis ses locaux. Début août, un volontaire du Croissant-Rouge du Yémen a été blessé alors qu'il prodiguait les premiers secours à des victimes dans le gouvernorat d'Al-Dhale. Puis, le 2 septembre, est survenu l'assassinat brutal et révoltant de deux employés du CICR alors qu'ils se rendaient par la route de Saada à Sanaa, ce qui a contraint le CICR à suspendre temporairement ses activités dans tout le pays.

Faits et chiffres clés

Malgré des conditions de sécurité extrêmement difficiles, le Mouvement a pu déployer les activités suivantes au mois d'août :

  • Le CICR a fourni à trois établissements de santé situés à Saada, Taïz et Ibb du matériel médical et chirurgical d'importance vitale permettant la prise en charge de milliers de patients. Un navire du CICR transportant du matériel médical est en outre arrivé à Aden.
  • Le Croissant-Rouge du Yémen a récupéré plus de 120 corps dans les gouvernorats les plus touchés par les combats et les a remis aux hôpitaux ou aux autorités compétentes.
  • Les sections locales du Croissant-Rouge du Yémen à Aden, Abyan, Lahj, Al-Dhale, Shabwa et Ibb ont prodigué les premiers secours sur place à plus de 30 blessés et ont transporté une centaine de personnes vers les hôpitaux. Une équipe médicale du Croissant-Rouge du Yémen à Abyan a soigné 10 combattants blessés et en a transporté deux à l'hôpital d'Aden.
  • Plus de 65 000 personnes déplacées ont reçu une assistance sous plusieurs formes, dont une aide alimentaire et des articles ménagers, lors de plusieurs distributions à Al-Jawf, Sanaa, Saada, Amran et Aden.
  • À Sanaa, 22 points de distribution d'eau ont été installés à divers endroits de la ville pour desservir près de 15 000 personnes.
  • Le Croissant-Rouge soudanais a expédié du matériel médical à Aden et détaché plusieurs spécialistes de la santé chargés d'effectuer une évaluation des besoins chirurgicaux dans le sud du Yémen.
  • La Fédération internationale a fait don d'une ambulance entièrement équipée à la section d'Aden du Croissant-Rouge du Yémen.
  • La section d'Amran de la Société nationale a assuré des séances de soutien psychologique dont ont bénéficié plus de 150 habitants et personnes déplacées.
  • Le CICR a pu négocier un accès sûr pour le personnel chargé de la vaccination dans le gouvernorat d'Al-Beïda, dans le cadre d'une campagne de vaccination contre la poliomyélite et la rougeole menée par le ministère de la Santé publique et de la Population en coordination avec les organisations internationales.
  • Au total, le CICR a ramené chez eux 14 prisonniers libérés (de Sanaa à Aden ou d'Aden à Sanaa).
  • Grâce au soutien de la Croix-Rouge allemande et du CICR, l'équipe du siège du Croissant-Rouge du Yémen a dispensé une formation dans les domaines des premiers secours et de la contamination par les armes à 30 personnes issues de différents districts du gouvernorat de Saada.
  • Le 24 août, l'Organisation des Sociétés arabes du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge a organisé une réunion à Riyad afin de faire le point sur la situation au Yémen. La réunion regroupait des responsables et des représentants du Centre Roi-Salman, de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, de plusieurs institutions des Nations Unies, d'organismes caritatifs, de Sociétés nationales (de l'Arabie saoudite, du Koweït, du Qatar, des Émirats arabes unis, de Djibouti, de Jordanie, du Soudan et de l'Égypte), du CICR et de la Fédération internationale.
  • Début septembre, la Société du Croissant-Rouge des Émirats arabes unis a lancé une vaste campagne télévisée de collecte de fonds ayant pour slogan « Yemen, We Care » (« Aidons le Yémen »), afin de venir en aide à 10 millions de Yéménites. Plus de 15 millions de dollars US ont ainsi été collectés. À ce jour, la Société a fourni plus de 15 000 tonnes de secours à au moins 620 000 personnes au Yémen. Elle a également alloué 50 millions de dirhams des Émirats arabes unis à des projets « eau et assainissement » dans le pays, fourni des générateurs et entrepris la reconstruction ou la remise en état d'écoles.

Vieille ville de Sanaa, Yémen. Alors que la pénurie d'eau perdure au Yémen, de nombreuses personnes dépendent des distributions par camion-citerne. En août 2015, le CICR a maintenu l'approvisionnement en eau de plusieurs hôpitux et a installé 22 points de distribution à Sanaa, permettant ainsi à 15 000 personnes d'avoir accès à de l'eau potable. CC BY-NC-ND/CICR/S. Ammane

Notes

1. Sur la base des chiffres de 4 628 morts et plus de 28 598 blessés entre le 19 mars et le 30 août (données du ministère de la Santé publique et de la Population).

 

Aden, Yémen. Le CICR a facilité la livraison et la remise d’une ambulance offerte par la Fédération internationale.

Télécharger
Fichier JPEG
340.12 KB

Bani Hushaish, Sanaa, Yémen. Fillette attendant une distribution d’aide alimentaire par le CICR et le Croissant-Rouge du Yémen.

Télécharger
Fichier JPEG
383.48 KB