70 ans après l’adoption des Conventions de Genève : continuer à protéger dans les conflits armés contemporains
Adoptées le 12 août 1949 à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les quatre Conventions de Genève, véritables piliers du droit international humanitaire (DIH), fêtent cette année leur 70ème anniversaire.
Adoption des Conventions de Genève en 1949 : protection des personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités
Les Conventions de Genève contiennent les règles essentielles du DIH que les États se sont engagés à respecter et à faire respecter. Leur objectif premier est de protéger juridiquement les personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités en temps de conflit armé. Ces Conventions renferment des dispositions communes et des dispositions propres à certaines catégories de personnes.
- La Première Convention protège les blessés et malades des forces armées en campagne
- La Deuxième Convention protège les soldats blessés, malades et naufragés des forces armées sur mer
- La Troisième Convention s’applique aux prisonniers de guerre
- La Quatrième Convention protège les personnes civiles en temps de guerre.
Les exigences militaires et celles de l’humanité
Les Conventions de Genève ne visent pas à interdire la guerre. Partant du postulat, certes malheureux mais réaliste, que la guerre peut surgir à tout moment, les Conventions de Genève apportent un cadre juridique protecteur et digne pour les personnes les plus vulnérables qui sont affectées par les conflits armés.
Ainsi, comme l’affirmait Jean Pictet en 1959, « [l]es Conventions de Genève (…) résultent d’un juste équilibre entre les exigences militaires et celles de l’humanité » (Commentaire de la Convention II, Genève, CICR).
Nouvelles conflictualités, nouveaux moyens et méthodes de guerre
Depuis 1949, des conflictualités d’un nouveau type sont apparues, marquées notamment par une multiplication des conflits armés non internationaux, un nombre plus important d’acteurs impliqués dans les conflits (forces multinationales, coalitions d’Etats, groupes armés non étatiques, etc.), des conflits qui s’installent dans la durée, des conflits aux frontières mal définies… Autant d’éléments qui défient le champ d’application matériel, temporel et spatial du DIH. Ainsi, le fidèle respect de ses dispositions est le premier des défis posés au DIH par les conflits armés contemporains et qui, par là-même, rend l’action humanitaire impartiale plus complexe.
En outre, l’émergence de nouveaux moyens et de nouvelles méthodes de guerre engendre des questions sur l’applicabilité du DIH. Il en va ainsi de certaines évolutions technologiques comme la guerre informatique ou les systèmes d’armes autonomes, mais aussi, par exemple, de l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées ou du recours banalisé au terrorisme et des effets engendrés par la lutte que cette méthode de guerre interdite suscite. Ainsi, aujourd’hui, 90% des victimes de guerre sont des civils, contre 10% au début du XXème siècle.
Les Conventions de Genève, des traités toujours indispensables et utiles
Dans le monde entier, les belligérants, étatiques et non étatiques, doivent respecter les règles et instruments qui visent à limiter la violence dans les conflits armés. Les États qui ne sont pas parties à des conflits armés ont aussi la responsabilité de veiller à ce que ces 4 Conventions soient respectées et ne doivent pas encourager les violations.
Ces Conventions prouvent encore leur utilité et leur importance : lorsqu’elles sont fidèlement mises en œuvre et respectées, elles permettent de réduire significativement les souffrances humaines.
Ce fut jadis le projet d’Henry Dunant, fondateur du mouvement de la Croix-Rouge qui, marqué par le carnage de la bataille de Solférino dont il fut le témoin (voir son récit, Un souvenir de Solférino), fut à l’initiative de l’adoption de la toute première Convention de Genève le 22 août 1864.