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Afghanistan : un père embrasse son beau-fils pour la première fois depuis des années

Jamal Sardar, 55 ans, a fait le voyage à la prison de Pul-i-Charkhi aux côtés de Shah Nazar et de son frère Noor Allah. Tous trois viennent du village de Farah Rod, dans le Bala Buluk. Avec l'aide de son fils, Jamal cultive une parcelle de terrain qui suffit tout juste à subvenir aux besoins des 25 membres de sa famille.

Arrêté il y a six ans, un de ses beaux-fils en a passé cinq dans la prison de Herat avant d'être transféré à Pul-i-Charkhi l'an passé. La famille n'ayant déjà pas assez de moyens pour se permettre le voyage à Herat, ne pouvait envisager de se rendre jusqu'à à Kaboul.

« Récemment, j'ai rencontré un employé du Croissant-Rouge afghan qui m'a dit que le CICR pouvait m'aider à revoir mon beau-fils » explique Jamal. A la suite de cette conversation, le bureau local du CICR à Farah organisa le voyage pour Kaboul, ainsi qu'un hébergement et de la nourriture.

Allah Noor, Haji Shahzada, Jamal Sardar et Shah Nazar (de g. à d.) arrivent à la prison de Pul-i-Charkhi après un voyage en taxi depuis Kaboul, Afghanistan. CC BY-NC-ND / ICRC / Olivier Moeckli

Le jour de la visite, Jamal prit, en compagnie de Shah Nazar et Noor Allah, le taxi à 5 heures du matin pour Farah, où ils montèrent ensuite dans un bus à destination de Kaboul – un voyage long de 17 heures, aussi épuisant que risqué. « Sur le chemin, le bus a été arrêté par des voleurs qui sont montés à bord » poursuit Jamal. « Heureusement, au même moment est arrivé un véhicule de l'armée afghane. Les voleurs ont fui précipitamment avant qu'ils n'aient eu le temps de nuire ou de voler quelqu'un ».

« J'ai fait un long voyage, mais je suis si heureux. Cela me tient tellement à cœur de savoir que je vais pouvoir voir mon beau-fils pour la première fois depuis six ans. »

Jamal Sardar parle avec Fawad, l'employé du CICR qui organisa leur visite. L'aire d'attente fut construite cette année par le CICR. Avant sa construction, les gens devaient marcher sur un long distance puis attendre en plein soleil ou sous la pluie ou la neige. CC BY-NC-ND / ICRC / Olivier Moeckli

Le jour de la visite, Jamal se tint dans le silence la plupart du temps, guidant patiemment Shah Nazar, aveugle, sur tout le chemin qui mène au bloc de la prison. Après avoir embrassé son gendre, Jamal, submergé par l'émotion, dû s'assoir et commença à pleurer.

Une fois la visite terminée, alors qu'il décrit la rencontre et la conversation à Shah Nazar dans ses moindres détails, ce dernier plaisanta : « Oh mon oncle! Tu ne peux plus t'arrêter de parler maintenant alors qu'à l'intérieur tu n'as pas dit un mot! »

 Eh bien, à l'intérieur, je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer. Je suis un vieil homme et je pensais que je n'aurai plus la chance de le voir à nouveau dans ma vie.