Déclaration

Le conflit au Yémen tue chaque jour des femmes, des enfants et des hommes. Il faut que cela cesse

Discours de Gilles Carbonnier, vice-président, au nom du président du CICR

Je prends la parole aujourd'hui au nom du CICR, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que des Sociétés nationales qui forment ensemble le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l'un des principaux acteurs humanitaires présents sur le terrain au Yémen.

Tandis que le conflit entre dans sa cinquième année, la crise qu’il a engendrée prend des proportions insupportables pour les Yéménites, dont 80 % dépendent de l’aide humanitaire et dont la vie quotidienne a été bouleversée dans ses moindres aspects ou presque.

Les restrictions qui pèsent sur les importations au Yémen en raison du conflit, ainsi que les obstacles à la libre circulation à l’intérieur du pays, entravent l’acheminement de vivres et de médicaments.

Chaque jour, des parents sont contraints de faire un choix impossible entre soigner leurs enfants malades et nourrir ceux qui sont encore en bonne santé.

Aujourd’hui, je rappelle à l’ensemble des parties au conflit qu’elles ont l’obligation de permettre la libre circulation des biens et de l’aide humanitaire destinés aux populations civiles en détresse. La catastrophe qui est en train de se produire trouve son origine dans le non-respect par ces parties des règles et principes fondamentaux du droit international humanitaire.

Les travailleurs humanitaires payent aussi un lourd tribut à cette guerre : au cours des quatre dernières années, dix volontaires du Croissant-Rouge du Yémen et trois collaborateurs du CICR ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. Plus de 160 structures de santé ont été attaquées et partiellement, voire entièrement détruites.

Les équipes et les établissements médicaux, les secouristes et les infrastructures essentielles à la survie des populations civiles, tout comme les travailleurs humanitaires, ne sont pas des objectifs militaires et doivent à ce titre être protégés.

Les parties au conflit ont aussi l’obligation de réduire autant que possible les effets de cette guerre impitoyable sur les civils. Il leur est interdit de prendre pour cible des personnes, des infrastructures et des services civils.

Le droit de la guerre doit être respecté. Il incombe également aux États qui ont une influence sur les belligérants d’inciter ceux-ci à un plus grand respect du droit international humanitaire.

Une crise de cette ampleur exige une mobilisation massive.

Présent de longue date dans le pays, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge y bénéficie d’une large acceptation et a accès à des zones difficiles à atteindre. Nous avons ainsi été en mesure de venir en aide à des centaines de milliers de personnes. Le Croissant-Rouge du Yémen, actif dans l’ensemble du pays, s’attache notamment à dispenser premiers secours et soins de santé primaire, à évacuer les blessés, à participer à la gestion des dépouilles et à distribuer des vivres et des articles ménagers aux personnes qui en ont besoin.

Le CICR met actuellement la dernière main aux préparatifs nécessaires à l’éventuelle libération de personnes détenues dans le cadre du conflit.

S’ils aboutissent, ces efforts apporteront un réconfort immense à de nombreuses familles qui ont perdu tout contact avec leurs proches ou en ont été séparées par suite des hostilités. Cela représenterait une réelle avancée vers l’instauration d’une confiance réciproque entre les parties. Néanmoins, cette avancée est soumise à la bonne volonté, à l’autorité et à la libre appréciation de ces parties – et elle doit être accomplie sans attendre. Nous nous tenons prêts à les assister dans la mise en œuvre d’un accord.

Le bien-être de toutes les personnes détenues dans le cadre du conflit est un sujet de préoccupation pour le CICR. Elles doivent être traitées avec humanité et autorisées à maintenir des liens avec leurs proches.

Par-dessus tout, des efforts sérieux et concertés doivent être consentis pour trouver une issue politique à cette guerre.

À défaut de trouver rapidement une telle solution, les conséquences de la crise au Yémen continueront de se faire sentir bien au-delà des violences qui en sont le point de départ tragique. Ce conflit tue chaque jour des femmes, des enfants et des hommes. Il faut que cela cesse.