Déclaration

Raqqa et Mossoul: c'est notre humanité commune qui est attaquée

Déclaration de M. Robert Mardini, directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), sur la Syrie et l'Irak

Les combats qui font rage à Raqqa (Syrie) et à Mossoul (Irak) ont un coût humain effarant. Nous sommes profondément préoccupés par le sort des dizaines de milliers de civils qui sont pris au piège dans ces villes. Traumatisés, ils vivent dans la peur constante d'être tués, sans accès aux biens les plus essentiels pour assurer leur survie. À Raqqa comme à Mossoul, les habitants se retrouvent pris entre deux feux et tentent désespérément de rester en vie sous un déluge de missiles, de bombes, d'obus et de tirs de sniper. Ils n'ont nulle part où aller pour se réfugier. Les rapports qui nous parviennent de Raqqa sont alarmants. Ils font état d'attaques contre des civils, d'habitations, d'hôpitaux et d'écoles prises pour cible, d'habitants affamés, et de blessés et de malades qui se retrouvent livrés à eux-mêmes. À Mossoul, nos médecins en poste à l'hôpital général de la ville, près de la ligne de front, s'emploient à soigner des centaines de civils souffrant de blessures atroces, parmi lesquels des enfants en bas âge. Beaucoup meurent à leur arrivée. Lorsque vous voyez débarquer à l'hôpital un père portant dans ses bras son enfant de deux ans blessé par balle à la tête, vous en venez à penser que c'est notre humanité commune qui est attaquée.

Nous appelons toutes les parties à protéger la population civile et à respecter les règles de la guerre. Les civils qui se trouvent encore à Raqqa et à Mossoul doivent être épargnés et doivent pouvoir quitter la ville librement s'ils le souhaitent. Quant à ceux qui ont fui, ils doivent recevoir toute l'assistance dont ils ont besoin et être traités avec dignité.

Sur le court terme, c'est essentiel si nous voulons sauver des vies et réduire les souffrances. Et sur le long terme, cela permettra de poser les bases d'un avenir meilleur. Il est beaucoup plus facile de se relever, de reconstruire et de se réconcilier si la guerre a été maintenue dans certaines limites, en tenant compte des considérations humanitaires.

Sinon, une nouvelle génération grandira dans un incubateur à conflits, et le cercle vicieux de la violence se perpétuera.

Informations complémentaires:

Iolanda Jaquemet, ICRC Genève, + 41 79 447 37 26
Saleh Dabbakeh, ICRC Bagdad, + 964 780 928 4021
Ingy Sedky, ICRC Damas, +963 930 336718