Déclaration

Soudan : la violence aggrave la pauvreté et l’insécurité alimentaire

Khartoum (CICR) – La violence armée qui fait rage au Soudan entraîne une grave détérioration des conditions de vie de millions de personnes.

Lors de deux enquêtes* menées par le Comité international de la Croix Rouge (CICR) auprès de ménages vivant dans les zones touchées par la violence au Darfour, tous les répondants ont indiqué dépenser plus de 65 pour cent de leur revenu en nourriture, et près de 70 pour cent d'entre eux ont déploré être plus pauvres qu'il y a un an. La violence fait payer un lourd tribut aux personnes les plus vulnérables au Soudan, qui perdent leurs terres, leurs récoltes et leur bétail, n'ont plus accès aux services essentiels et sont les premières victimes de la forte inflation (359 pour cent en 2021, selon le Bureau central de la statistique).

La population est prise dans un cercle vicieux qui ne fait qu'exacerber les tensions,

a déclaré Pascal Cuttat, chef de la délégation du CICR à Khartoum.

« Les Soudanais s'efforcent de rétablir leurs moyens de subsistance, qui ont été anéantis par les violences et conflits antérieurs. Toutefois, en raison de litiges fonciers qui les opposent de longue date, ils n'ont pas tous accès aux ressources disponibles, ce qui donne lieu à de nouveaux affrontements intercommunautaires et déplacements. En outre, à la suite de la flambée des prix des denrées alimentaires, nombre d'entre eux ne parviennent tout simplement plus à nourrir leurs familles. »

On compte près de trois millions de personnes déplacées au Soudan, dont plus de 80% vivent dans les États du Darfour, une région qui continue de subir les effets de la violence. Loin de chez elles et de leurs terres, ces personnes ont perdu leurs sources de revenu ou leur accès à la production alimentaire. Cette situation met sous pression non seulement les familles qui arrivent dans les villes, mais aussi les communautés d'accueil, dont les ressources et les services sont limités – autant de facteurs propres à aviver les tensions.

La région du Darfour n'est pas la seule touchée par la violence au Soudan. Les États du Kordofan Ouest et du Kordofan Sud sont le théâtre d'une recrudescence de la violence, et ce alors qu'ils accueillent de nombreux réfugiés et personnes qui, arrivant de pays voisins, rentrent chez elles. Dans ces régions qui vivent principalement de l'agriculture et de l'élevage, le conflit entrave l'accès des populations à leurs terres, ce qui se répercute sur la production alimentaire, les revenus et les emplois, et compromet ainsi leur sécurité alimentaire.

« Le problème est que, selon notre enquête, près de 80 pour cent de la population touchée ne peuvent prendre les mesures auxquelles d'autres ont accès pour limiter les répercussions du conflit sur leur vie, car ces personnes vivent dans des sites provisoires et souvent précaires où se rassemblent les déplacés, ou fuient en permanence la violence », explique Berthe Diomande, qui met en œuvre des programmes de soutien aux moyens de subsistance pour le CICR au Darfour. « Ces personnes n'ont par exemple pas d'endroit où entreposer les fruits d'une bonne récolte, qui sont ainsi exposés aux vols. »

Afin d'aider les personnes et les communautés touchées par le conflit et la violence au Soudan à se relever et à accroître leur résilience, le CICR apporte un soutien aux moyens de subsistance notamment aux réfugiés et aux personnes déplacées ou de retour chez elles.

De janvier à mars 2022, l'Unité sécurité économique du CICR a mené les opérations suivantes :

  • Enregistrement et vérification de 25 400 familles (152 400 personnes), qui bénéficieront d'un soutien pour cultiver leurs terres pendant la principale saison agricole au Darfour et dans les États du Nil Bleu et du Kordofan Sud.
  • Une campagne de vaccination du bétail a été menée dans trois localités de l'État du Nil Bleu ; 100 000 animaux ont été vaccinés et soignés.
  • Une campagne de vaccination a été lancée et se poursuit dans l'État du Darfour Nord ; 98 000 animaux ont déjà été vaccinés.
  • Trois réfrigérateurs solaires ont été donnés au ministère de l'Agriculture dans les États du Kordofan Ouest, du Nil Bleu et du Darfour Sud en vue de faciliter le respect de la chaîne du froid pendant les campagnes de vaccination.
  • Des activités de suivi post-distribution ont été menées auprès de la population sur l'adéquation de l'aide d'urgence fournie à 5000 ménages dans différents domaines au Darfour Ouest.
  • Le CICR a soutenu la formation de 17 techniciens vétérinaires et infirmières du ministère des Ressources animales et de la Pêche en vue de l'obtention d'un diplôme One Health (formation dispensée par l'Université de Bahri).
  • 2400 personnes ont été rémunérées pour leur travail dans le cadre de la réhabilitation d'un étang à Tawila, au Darfour Nord.

*Ces enquêtes avaient pour objet les conditions de vie actuelles des ménages au Soudan. Elles ont été menées chacune auprès de 500 ménages, respectivement à la fin 2021 et en mars 2022.

Informations complémentaires :
Erika Patricia Tovar, CICR Soudan, tél. : +249 912 150 735, etovargonzalez@icrc.org
Abdikarim Mohamed (anglais), CICR Nairobi, tél. : +254 770 171 756, mabdikarim@icrc.org
Anisa Hussein (anglais/somali), CICR Somalie, tél. : +254 708 797 750, anisah@icrc.org

Fondé en 1863, le CICR mène des opérations dans le monde entier pour porter assistance aux personnes touchées par les conflits armés et la violence et promouvoir les lois qui protègent les victimes de la guerre. Le mandat de cette organisation neutre, indépendante et impartiale découle des Conventions de Genève de 1949.