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Azerbaïdjan : des échantillons biologiques pour tenter d'élucider le sort des personnes disparues

Plus de vingt ans après la signature de l'accord de cessez-le-feu conclu lors du conflit du Haut-Karabagh entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, près de 4 600 personnes sont toujours portées disparues.

Le CICR travaille en étroite collaboration avec les Commissions d'État sur les prisonniers de guerre, les otages et les personnes disparues d'Azerbaïdjan et d'Arménie afin de tenter d'élucider le sort de ces personnes et soulager la douleur de milliers de familles qui vivent dans l'incertitude.

En Azerbaïdjan, le CICR et la Commission d'État recueillent et traitent les informations fournies par les proches des personnes disparues, à l'aide d'une base de données qui permet de comparer ces informations avec les données recueillies lors de l'examen des restes humains.

During training, a technician learns how to carefully take swabs from the mouths of people whose relatives disappeared during the Nagorny Karabakh conflict.

Azerbaïdjan. Une technicienne en formation apprend à prélever des échantillons buccaux sur les personnes dont des proches ont disparu pendant le conflit du Haut-Karabagh. CC BY-NC-ND / ICRC / Z. Burduli

Par ailleurs, la Commission d'État et le CICR prélèvent désormais des échantillons biologiques de référence afin de compléter les informations déjà disponibles. Un profil ADN peut être extrait des échantillons prélevés chez les membres des familles et comparé à l'ADN extrait des restes humains. Cette procédure peut contribuer au processus d'identification et apporter des réponses aux familles qui vivent toujours dans l'angoisse de ne pas savoir ce qu'il est advenu d'un proche disparu.

Le prélèvement d'un échantillon biologique de référence consiste à recueillir du matériel biologique par frottis à l'intérieur de la bouche au moyen d'un coton-tige. La collecte des échantillons a débuté en 2014, dans le cadre d'un projet pilote mené auprès de 400 proches de personnes disparues dans le district de Yasamal, à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan. Dans certains cas, des équipes mobiles chargées des prélèvements se sont rendues au domicile des familles afin de recueillir leurs échantillons. Tous sont conservés à l'hôpital du ministère de la Sécurité nationale.

A staff member completes the documentation on a person whose relative has been missing since the Nagorny Karabakh conflict.

Azerbaïdjan. Une collaboratrice remplit le dossier d'une personne dont l'un des proches a disparu durant le conflit du Haut-Karabagh. CC BY-NC-ND / ICRC / Z. Burduli

Bien qu'il soit douloureux de raviver le souvenir de la disparition, les personnes qui participent au projet ressentent un profond besoin de savoir ce qu'il advenu de leurs proches disparus. « Je suis soulagé que le CICR poursuive ce travail », a expliqué l'un des participants, « mais il est extrêmement douloureux de revivre l'horreur que nous avons connue lorsque mon frère a disparu. » Le projet, qui portait initialement sur un groupe de 400 personnes, a été étendu ; il vise aujourd'hui à recueillir des informations génétiques auprès de 16 000 personnes ayant perdu un proche.

Le projet de collecte d'échantillons biologiques de référence associe des généticiens, des psychologues, des experts médico-légaux, des infirmiers, des proches de personnes disparues, la Commission d'État et l'hôpital du ministère de la Sécurité nationale, qui a apporté un soutien permanent à cette initiative.

Le CICR continue d'offrir ses services aux Commissions d'État de la région en qualité d'intermédiaire neutre afin d'assurer la transmission des informations relatives aux personnes portées disparues.