Article

Journée mondiale de l’aide humanitaire 2022 : les visages du courage

Les travailleurs humanitaires interviennent souvent dans les environnements les plus hostiles pour venir en aide aux personnes dans le besoin.

Au CICR, c'est tout le sens de notre action, que nous menons dans un esprit d'impartialité et de neutralité. La neutralité signifie que nous nous abstenons de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d'ordre politique, racial, religieux et idéologique. L'impartialité consiste à ne faire aucune distinction fondée sur la nationalité, la race, la religion, la condition sociale ou l'appartenance politique. Ces principes ne sont pas toujours faciles à appliquer, mais les travailleurs humanitaires du CICR s'efforcent d'y parvenir lors de chaque action entreprise pour aider les personnes dans le besoin.

Célébrée le 19 août, la Journée mondiale de l'aide humanitaire rend hommage à toutes celles et ceux qui se mettent en danger pour protéger et sauver la vie de personnes en détresse en raison de catastrophes naturelles, de conflits et d'autres crises humanitaires. Nous nous sommes entretenus avec quelques-uns de nos collègues du CICR sur ce que signifie être travailleur humanitaire.

Manuel Sáenz Terrazas

Être travailleur humanitaire, c'est pouvoir agir quand personne d'autre ne le fait. 

Chirurgien en chef à l'hôpital public spécialisé de Maiduguri (Nigéria), Manuel Sáenz Terrazas traite des patients atteints de graves blessures causées par des armes à feu et des explosifs. Il travaille depuis sept ans pour le CICR. La plupart des patients se rendent à l'hôpital plusieurs heures, jours, semaines, voire parfois des années après avoir été blessés, ce qui témoigne du manque d'options dans les zones de conflit, outre l'aide fournie par le CICR.

« Travailler pour le CICR me permet d'atteindre des personnes qu'il serait impossible d'atteindre autrement. Parfois, si certaines personnes viennent nous voir, c'est que nous sommes non seulement leur dernier, mais bel et bien leur seul recours », explique-t-il.

Jacob Chonge

En tant qu'opérateur radio, je sais que sauver une vie est parfois une question de minutes. Le fait de savoir que j'apporte une aide vitale aux populations que nous servons me conforte dans l'idée que ce n'est pas un travail comme les autres. La cause que nous servons est bien plus grande.

Jacob Chonge est superviseur radio dans la Corne de l'Afrique. Il travaille pour le CICR depuis 21 ans et soutient les opérations globales en tant que formateur.

Les opérateurs radio sont les voix qui se cachent derrière les déplacements de personnel sur le terrain. Ils fournissent des conseils concernant les itinéraires à suivre pour voyager en toute sécurité et gèrent les vols de la Croix-Rouge. Le CICR intervenant dans des endroits reculés, la radio devient le seul moyen de communication fiable.

« Le fait de savoir que, en tant que travailleurs humanitaires, nous sommes au service de personnes que nous ne rencontrerons ou ne verrons probablement jamais est pour moi une grande source d'inspiration et de satisfaction. De par notre travail, nous avons un impact sur leur vie. »

Anastasiia Mykhailova

Ici et maintenant, je peux aider des enfants à retrouver le chemin de l'école. Des millions d'entre eux ont été déscolarisés en raison du conflit.

Anastasiia Mykhailova est agente de terrain pour l'accès à l'éducation. Elle est basée à Kiev, en Ukraine.

Originaire de Louhansk, Anastasiia a vécu à Severodonetsk jusqu'en février 2022, date à laquelle elle a commencé à travailler pour le CICR. Elle aide les enfants et les enseignants touchés par le conflit en Ukraine et participe à la remise en état d'établissements scolaires endommagés.

« Forte de nombreuses années d'expérience en tant qu'enseignante, je connais l'importance de l'éducation, notamment pendant des périodes d'hostilités à l'image de celle que subit l'Ukraine actuellement. L'accès à l'éducation est un droit que tout enfant devrait avoir. Mon implication au service de cette cause, en particulier pour les enfants dans le besoin, est ce qui rend mon travail ici si spécial. »

Karen Lieve Ria Hostens

Nous devons nous rappeler une chose dans notre travail au quotidien : nous sommes ici au service de personnes en situation de vulnérabilité, mais qui ne sont pas vulnérables en soi.

Karen Lieve Ria Hostens est directrice régionale adjointe en Afrique. L'action de Karen en tant que travailleuse humanitaire a été forgée par les expériences de sa propre famille en Belgique, lors des deux guerres mondiales. Ce contexte, ainsi qu'une enfance passée à voyager dans de nombreux pays, ont inspiré sa vision du monde et renforcé sa détermination à comprendre l'humanité de manière neutre, impartiale et indépendante. Cela l'a conduite dans le monde universitaire, puis finalement dans le secteur humanitaire, où elle a toujours travaillé au sein du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

En tant que directrice, le devoir de diligence est pour elle le principe le plus important.

"Le devoir de diligence ne consiste pas à publier dans l'intranet une politique en matière de santé mentale, ni à faire une évaluation, ni même à accorder une augmentation de salaire ou des jours de congé supplémentaires. Il s'agit de rencontrer nos collègues, de prendre le temps de les connaître et de vérifier qu'ils vont bien. C'est une responsabilité qu'on ne doit pas prendre à la légère."

Verena Johanna Kreiliger Young

Être travailleuse humanitaire, c'est améliorer la vie des gens, de quelque manière que ce soit.

Verena Johanna Kreiliger Young est responsable d'une équipe de physiothérapeutes à Juba, au Soudan du Sud. Elle a rejoint le CICR en 2019 et a travaillé dans des hôpitaux et des centres de réadaptation physique au Yémen et en Afghanistan avant d'occuper son poste actuel.

« Travaillant à la fois dans des hôpitaux et des centres de réadaptation, j'étais en première ligne pour observer le parcours des patients depuis le moment de leur blessure jusqu'au processus de rétablissement. Cela m'a permis de constater l'impact que nous avons sur la vie des populations. »

Verena est reconnaissante du soutien apporté par les membres de son équipe pour les traductions.

Selon elle, ce qu'il y a de plus gratifiant dans son travail, ce sont les efforts conjoints de toute une équipe pour améliorer de manière significative la vie des gens.

« Ce n'est pas un individu isolé qui fait la différence, c'est l'équipe dans son ensemble. »

Diana Zakharyan

Je me sens motivée lorsque nous aidons quelqu'un à qui tout le monde a tourné le dos.

Diana, 24 ans, travaille pour la Croix-Rouge russe (CRR) à Ulyanovsk, en Russie. Elle s'occupe de la communication, de l'approvisionnement et de la maintenance. Elle est diplômée en géographie de l'université pédagogique d'Ulyanovsk. Elle a intégré la CRR comme volontaire il y a trois ans. Elle supervise plus de 30 lieux de santé pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Elle encourage les jeunes à devenir des volontaires de la CRR. Elle reste une ambassadrice de son organisation, qu'elle soit en service ou non.

"Les gens viennent avec leurs histoires ; et elles ne sont pas toujours positives. Le plus important reste la capacité de filtrer tout cela et d'aider avec compétence les personnes qui en ont besoin."

Paul Okony Apok

Être travailleur humanitaire, cela veut dire être prêt à être appelé à tout moment pour soutenir une communauté touchée ou un groupe touché. Ce qui nous distingue, au CICR, c'est que nous ne prenons pas parti et n'exerçons aucune discrimination.

Paul Okony Apok travaille en tant qu'agent de terrain pour l'Unité sécurité économique à Juba, au Soudan du Sud. Il est travailleur humanitaire depuis vingt ans. Sa mission consiste notamment à évaluer les besoins des communautés touchées auxquelles le CICR vient en aide.

Selon les résultats, il formule des recommandations en matière de distribution alimentaire, d'aide en espèces ou de distribution de matériel de pêche.

L'un des principaux défis auxquels il est confronté est l'accessibilité des communautés auxquelles nous venons en aide, notamment pendant la saison des pluies, lorsque les routes deviennent impraticables et qu'ils sont contraints de passer par les airs. La situation en matière de sécurité peut également se compliquer parce que l'« on ne sait pas qui contrôle quoi et où ».

Ami Basendo

« Apporter de la joie aux familles séparées par la violence et le conflit armé constitue ma motivation la plus profonde. Je me sens fier et utile chaque fois qu'un enfant retrouve ses parents ou des proches qui l'acceptent et l'intègrent après une séparation.

Ami Basendo travaille depuis 11 ans pour le CICR en République démocratique du Congo (RDC). Il est actuellement en poste à Kinshasa, où il vient en aide à des enfants séparés de leur famille, des enfants non accompagnés ou libérés par des forces ou groupes armés. Il suit l'intégralité du processus de rétablissement des liens familiaux jusqu'à ce que les enfants soient réunis avec leurs proches.

Parmi les faits marquants de sa carrière figurent les retrouvailles d'un adolescent de République Centrafricaine avec sa famille, après avoir fui pendant six ans en RDC suite à de violents affrontements au sein de sa communauté.

« Le jour des retrouvailles, lorsque j'ai vu la joie immense de sa tante et des autres membres de la famille de l'avoir retrouvé alors qu'ils le pensaient mort, j'ai compris l'importance de mon travail humanitaire. »

Santos Beni

En tant que chauffeur, il est important pour moi de rester neutre dans mon travail, de ne pas prendre part aux controverses ou aux hostilités, de façon à apporter de l'aide en toute sécurité à ceux qui en ont le plus besoin.

Santos Beni travaille en tant que chauffeur pour le CICR au Mozambique. Les difficultés sont nombreuses pour fournir une assistance à des populations qui vivent dans des zones difficilement accessibles en voiture. Le voyage dure environ 20 jours. Santos transporte des professionnels de santé, des vaccins contre le Covid-19 et des volontaires de la Croix-Rouge du Mozambique.

« Travailler pour le CICR me permet d'atteindre des personnes qu'il serait impossible d'atteindre autrement. En effet, nous intervenons sans prendre parti, et pour fournir une aide aux personnes, notre seul critère est qu'elles en aient besoin. »

Tabot Louis Awah

Le travail humanitaire m'a appris à servir l'humanité avec empathie.

Tabot Louis Awah travaille en tant qu'ingénieur au sein de l'Unité eau et habitat au Cameroun. Sa fonction au sein du CICR l'a poussé à servir l'humanité « d'une meilleure manière et avec beaucoup d'empathie ».

« Mon rôle consiste à soulager les souffrances via une assistance active en ingénierie. Cela reflète mes vraies valeurs dans la vie. Cela me donne le sentiment d'utiliser à bon escient les connaissances et les compétences que j'ai acquises à l'école, et c'est très gratifiant pour moi. »

La difficulté majeure à laquelle il a été confronté a été l'accès à certaines zones rurales du Cameroun telles que Munyenge et Bafia. Ces zones sont touchées par la violence armée, et les populations ont cruellement besoin d'un approvisionnement en eau potable et de soins de santé.

Inessa Shulga

J'aide parce que je peux aider. Je crois que dès qu'une opportunité d'apporter son aide se présente, il faut la saisir, et sinon, il faut la provoquer.

Inessa Shulga est volontaire pour la Croix-Rouge du Bélarus à Gomel. Elle travaille au sein d'une équipe d'intervention d'urgence et est également instructrice en premiers secours.

« De nombreux incidents et autres situations difficiles émergent de par le monde, qui plongent des personnes dans la détresse. Savoir qu'il existe des organisations telles que la Croix-Rouge pour leur apporter de l'aide est tout simplement formidable. »

La seule difficulté que lui pose son engagement en tant que volontaire réside dans le manque de temps libre, parce qu'il est compliqué de concilier travail et volontariat.

« En tant que volontaire, je suis extrêmement inspirée par les membres de mon équipe : eux aussi viennent en aide aux personnes dans le besoin, sans contrepartie financière, ils me soutiennent et m'aident à ne pas baisser les bras dans les situations critiques. »