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République démocratique du Congo : une prothèse pour un nouveau départ

Touchée par une balle lors d'une attaque contre son village, Nyakindi a été amputée de la jambe gauche. Sept mois après, elle a retrouvé sa mobilité grâce à une prothèse et aux services de notre programme de réadaptation physique.

« C'est dur de marcher avec une prothèse. La dernière fois, je suis tombée. Mais je sais que j'y arriverai. » Nyakindi a 25 ans et vient de Matembe, dans le territoire de Walikale de la province du Nord-Kivu. Elle passe désormais ses journées au centre Shirika la Umoja à Goma, chef-lieu de la province, où elle bénéficie d'un service de kinésithérapie qui comprend notamment des exercices de mobilisation, de renforcement musculaire et de rééducation à la marche.

Au centre Shirika la Umoja, Nyakindi participe également deux fois par semaine à des séances d'accompagnement psychologique que nous organisons. « Nous discutons de la façon de rester actifs au sein de la communauté, malgré notre handicap », explique-t-elle.

La vie de Nyakindi a basculé subitement le 5 octobre 2016. La jeune femme revenait du champ quand des hommes en armes ont pris d'assaut son village. Sous le crépitement des balles, elle a essayé de fuir mais s'est vite aperçue qu'elle ne pouvait plus avancer. Sa jambe gauche, devenue très lourde, venait d'être touchée par une balle. Souffrant atrocement, elle est restée allongée pendant deux longues heures devant sa case, pillée par les agresseurs. « Je suis restée seule dans le village, tout le monde avait fui », raconte-t-elle.

Après l'accalmie, quelques membres de sa communauté revenus au village ont pu l'amener à l'hôpital de Pinga, situé à plusieurs kilomètres, sur un brancard de fortune. Ils ont dû marcher pendant trois jours. « Sur la route, de nouveaux combats éclataient, j'ai vu un enfant tué et une femme blessée », se souvient-t-elle.

Une fois arrivée à Pinga, son état s'était tellement aggravé qu'il a fallu la transférer dans une structure plus appropriée. « C'est à ce moment-là que j'ai cru que j'allais mourir. Je faisais une forte fièvre », dit Nyakindi, qui sera finalement évacuée par l'un de nos avions vers l'hôpital de Ndosho à Goma.

À son arrivée, elle a déjà perdu beaucoup de sang et sa jambe est complètement infectée : « Quand j'ai appris que j'allais perdre ma jambe, j'ai beaucoup pleuré. Mais les médecins m'ont dit que c'était la seule solution pour rester en vie ».

Nyakindi est heureuse après avoir pu faire ses premiers pas avec une prothèse. Elle rit aux éclats en compagnie d'une de nos collègues. CC BY-NC-ND / CICR / Wassy KAMBALE

Les séances de rééducations sont laborieuses, mais Nyakindi reste optimiste et se tourne déjà vers l'avenir. « Je ne pourrai plus aller au champ, mais je pourrais ouvrir un petit commerce ».

À Goma dans le Nord-Kivu, nous formons gratuitement le personnel du centre Shirika la Umoja à la fabrication d'appareils orthopédiques. CC BY-NC-ND / CICR / Wassy KAMBALE

 

Au Nord-Kivu, les blessés de guerre sont transférés par le CICR à l'hôpital de Ndosho, où ils reçoivent des soins gratuits prodigués par ses médecins spécialistes en chirurgie de guerre. Le CICR organise également des formations pour le personnel médical local et fournit du matériel à l'hôpital. Nyakindi fait partie des 549 patients pris en charge en 2016.

Durant la même année, 1 150 personnes vivant avec un handicap ont bénéficié de services de réadaptation physique, dont la fourniture de 637 appareillages orthopédiques.